L’apnée obstructive du sommeil : un facteur de risque modifiable pour prévenir la maladie d’Alzheimer

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Date de rédaction :
24 avril 2020

Le syndrome d’apnée obstructive du sommeil est le trouble respiratoire du sommeil le plus commun, touchant plus de 30 % de la population après l’âge de 65 ans. Cette pathologie se traduit par des interruptions incontrôlées et répétées de la respiration pendant le sommeil, liées à l’obstruction temporaire des voies aériennes supérieures au niveau de la gorge. Les apnées du sommeil sont associées à de nombreux problèmes de santé, au premier rang desquels les maladies cardiovasculaires. Cependant, cette pathologie reste assez longtemps silencieuse, si bien qu’elle est probablement sous-estimée dans la population générale. Ces dernières années, les données scientifiques se sont accumulées montrant un lien entre la qualité du sommeil, et notamment la présence d’apnées du sommeil, et le développement de la maladie d’Alzheimer. Les mécanismes biologiques qui sous-tendent cette association restent à élucider. Géraldine Rauchs, du laboratoire Physiopathologie et imagerie des maladies neurologiques (INSERM U1237, Université de Caen-Normandie), en collaboration avec le laboratoire Neuropsychologie et imagerie de la mémoire humaine (INSERM U1077), a mené une étude auprès de 127 personnes, âgées en moyenne de 69 ans, sans troubles cognitifs à l’inclusion. Les chercheurs ont utilisé plusieurs techniques d’imagerie afin de cartographier les changements cérébraux chez des personnes atteintes d’apnées du sommeil non traitées, à la fois sur le plan structurel et moléculaire, mais aussi sur le plan fonctionnel. Au moyen d’un appareil portatif permettant d’enregistrer à domicile leur sommeil et leur respiration au cours de la nuit, les chercheurs ont détecté la présence d’apnées du sommeil, à des degrés de sévérité variables, chez 75% d’entre eux. Les participants atteints d’apnée du sommeil modérée à sévère (au moins 15 épisodes par heure) présentent une charge amyloïde plus élevée, une réduction du volume de matière grise, de la perfusion sanguine et du métabolisme du glucose. Ces modifications ont lieu dans des régions cérébrales sensibles à la maladie d’Alzheimer. Ces résultats montrent l’intérêt de dépister et de traiter l’apnée du sommeil, notamment chez des personnes âgées asymptomatiques.

L’apnée obstructive du sommeil est une comorbidité fréquente chez les personnes atteintes de déficit cognitif léger. Elle est encore peu étudiée au stade léger des troubles respiratoires. Le traitement de référence consiste à appliquer une pression positive continue d’air grâce à une appareil respiratoire et un masque porté pendant le sommeil. Aux Etats-Unis, Yanyan Wang, docteur en soins infirmiers et chercheur associé à l’Université du Texas à Austin, dans une étude auprès de 52 personnes âgées de 55 à 89 ans, au stade du déficit cognitif léger, ayant une apnée obstructive du sommeil légère (5-14 épisodes par heure), montre que les personnes utilisant un masque et un appareil respiratoire à pression positive continue d’air, au moins 4 heures par nuit pendant 1 an, ont 8 fois plus de chance d’améliorer leur score cognitif sur l’échelle CDR (Clinical Dementia Rating).

André C et al. Association of Sleep-Disordered Breathing With Alzheimer Disease Biomarkers in Community-Dwelling Older Adults: A Secondary Analysis of a Randomized Clinical Trial. JAMA Neurol, 23 mars 2020. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/32202593. Hospimedia, 25 mars 2020. https://presse.inserm.fr/explorer-le-cerveau-pour-comprendre-le-lien-entre-troubles-du-sommeil-et-maladie-dalzheimer/38684/, 23 mars 2020. Wang Y et al. One Year of Continuous Positive Airway Pressure Adherence Improves Cognition in Older Adults With Mild Apnea and Mild Cognitive Impairment. Nurs Res 2020 ; 69(2) :157-164. Mars-avril 2020. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/32108738.