L’annonce : au moment « opportun » (2)
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Le Professeur Bruno Dubois, neurologue au groupe hospitalo-universitaire de la Pitié-Salpêtrière de Paris et directeur de l’Institut de la mémoire et de la maladie d’Alzheimer, estime que, sur un plan théorique, il faut dissocier le diagnostic et son annonce : « Pour un médecin, le diagnostic est un exercice fondamental, mais il faut l’annoncer quand cela est possible. Quand le patient fait part à un médecin de son inquiétude, celui-ci a le devoir de mettre une étiquette sur les symptômes présentés par le patient, en posant un diagnostic. En tant que médecin, je ne peux pas refuser et on ne peut pas m’interdire de réaliser la démarche qui conduit au diagnostic. » Si quelqu’un se rend dans mon bureau et m’annonce qu’il a des troubles de mémoire, je ne peux pas me contenter de lui dire que je ne sais pas ce que c’est : je me dois de poser un diagnostic. Cela permet par ailleurs d’éviter le nomadisme médical. En effet, si je n’apporte pas la réponse au patient, celui-ci consultera d’autres médecins jusqu’à disposer d’une réponse. Dès lors, la thèse selon laquelle le diagnostic de la maladie ne doit se faire que lorsqu’il est possible de proposer un traitement au malade n’est pas valable, selon moi. Je ne comprends pas pourquoi la maladie d’Alzheimer disposerait d’un statut particulier, et pourquoi elle serait la seule pour laquelle on se pose des questions ? » Selon le Pr Dubois, « par expérience, il n’existe pas de moment précis et préétabli où, après avoir établi le diagnostic, il convient d’annoncer ce dernier. Pour bien choisir ce moment, il faut être à l’écoute du patient pour saisir le moment opportun – le kairos – pour annoncer le diagnostic.
Lilly France. Maladie d’Alzheimer. Regards croisés. Actes de la table ronde à la Maison de la recherche, 24 avril 2013.