« L’angoisse de regarder, droit dans les yeux, des personnes se débattre avec un mal intérieur »
Société inclusive
« Une pointe d’angoisse, un soupçon de crainte : c’est escortés de ces deux compagnons d’infortune que nous nous dirigeons vers le pavillon du pôle d’activités et de soins adaptés (PASA), planté à bonne distance de la maison de retraite de Mars-la-Tour (Meurthe-et-Moselle) », écrit le journaliste Jean-Michel Cavalli, du Républicain lorrain. « L’angoisse de regarder, droit dans les yeux, des personnes se débattre avec un mal intérieur, Alzheimer. La crainte de troubler, par notre simple présence, la quiétude d’un espace que l’on s’imagine silencieux, voire même amorphe. Sitôt la porte de la demeure franchie, ces deux (mauvais) ressentis s’évanouissent comme par miracle… » Autour de la table, les journalistes découvrent des résidents à la « mine apaisée », participant à une activité musicale. Caroline, assistante de soins en gérontologie, est en tenue civile. Jean-Michel Cavalli s’en étonne. « Ici, on ne porte pas de blouse blanche. C’est mieux pour familiariser les résidents aux lieux. Ainsi, on essaye de faire tomber la frontière “résident et personnel soignant” », explique Caroline. « Et ça marche. La “petite maison”, revigore des âmes égarées. Gymnastique douce, jeux avec ballons, ateliers créatifs, ateliers culinaires, espace multi-sensoriel… les sources de distraction ne manquent pas. L’idée, c’est de permettre à des résidents anxieux de retrouver du calme, de la sérénité. » Le concept séduit, assure la professionnelle de santé : « une dame ne cessait de déambuler dans les couloirs de la maison de retraite à la recherche de sa chambre. C’était une obsession. Depuis qu’elle fréquente le PASA, elle a stoppé cette quête. Une autre retraitée qui “s’emprisonnait” dans sa petite chambre aurait, elle aussi, renoué avec la vie de groupe au sein du pavillon. De quoi donner le sourire à notre interlocutrice, visiblement épanouie dans ce nouveau cadre de travail : « c’est très enrichissant, on apprend à connaître plus en profondeur le résident. D’une certaine manière, on forme une petite famille. » Les journalistes repartent avec un autre regard sur les personnes malades : « une pointe de tendresse, un soupçon de plénitude. »