« La voleuse ne gagnera pas »

Société inclusive

Date de rédaction :
01 juin 2010

Le journaliste britannique John Suchet, prix 2008 de la Royal Television Society, écrit un long article dans le Daily Mail sur sa femme Bonnie, atteinte de la maladie d’Alzheimer. Comment a-t-il appris que quelque chose n’allait pas bien ? Commençant juste à profiter de la retraite, le couple rentrait d’un dîner chez des amis dont la femme était atteinte de la maladie d’Alzheimer. Bonnie était triste. « C’est ce que tu penses que j’ai », lui a-t-elle dit. « Quoi ? Mais non, bien sûr !». « Si, tu le penses, et au cas où tu en douterais, je ne l’ai pas ». Un peu plus tard, Bonnie s’est écroulée et a été hospitalisée. Un examen au scanner a révélé des dépôts anormaux dans le cerveau. Le docteur a suggéré que ce pouvait être la maladie d’Alzheimer. John en avait le souffle coupé. Après la confirmation du diagnostic, John et Bonnie n’en n’ont pas parlé. Avait-elle compris ? Quatre ans plus tard, elle n’en n’a toujours pas dit un mot. « Le comportement de Bonnie a changé, subtilement au début, puis de façon plus évidente. La démence progressait inexorablement ». John écrit après un test cognitif un an après le diagnostic : « cette misérable maladie (wretched disease) semble avoir une qualité qui la sauve (redeeming quality) : elle protégeait Bonnie de comprendre ce qui arrivait. Quand nous sommes rentrés à la maison, j’ai pleuré secrètement dans une autre pièce. J’étais en train de perdre ma Bonnie, lentement mais imparablement. Ian, de l’association Admiral Nurse, qui s’est occupé de Bonnie et de moi, m’a dit que j’étais en deuil (mourning) accablé de chagrin (grieving) pour quelqu’un qui était encore physiquement présent ». Bonnie est aujourd’hui en maison de retraite. Il écrit : « la démence est une voleuse. Mais elle ne peut pas voler mes souvenirs et ceux que j’emporterai avec moi pour toujours. Si je me laisse aller, que je succombe, que je m’apitoie sur mon propre sort, que je me réfugie dans ma coquille, que j’abandonne, alors la vile voleuse aura emporté une autre victime. Mais elle ne m’attrapera pas. Je vais vivre et rire. Jusqu’à mon dernier souffle, je me considèrerai comme l’homme le plus chanceux du monde, avec cette belle blonde de la côte est-américaine qui a accepté de partager ma vie ».

www.dailymail.com, 23 mai 2010.