La vie humaine : un trésor ou un capital ?

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
14 janvier 2017

Catherine Le Galès et Martine Bungener, économistes au CERMES3 (centre de recherche Médecine, sciences, santé mentale, société, unité mixte INSERM/CNRS/École des Hautes études en sciences sociales), présentent une évaluation de la vie humaine basée sur l’approche dite des « capabilités » d’Amartya Sen (prix Nobel d’économie 1998), qui désignent « l’ensemble des possibilités qui sont à la disposition de la personne, parmi lesquelles elle va pouvoir faire un choix, autrement dit l’ensemble des fonctionnements possibles. » Cette approche est « fondée sur une triple reconnaissance, d’abord celle de la diversité des êtres humains, ensuite celle que la disponibilité de ressources ne suffit pas, à elle seule, à garantir la capacité réelle d’agir ou le “bien vivre” des personnes, enfin, celle de la nécessité de trouver des solutions pratiques pour rendre la société moins injuste à l’égard de ceux qui, pour différentes raisons, sont dans des situations de désavantage considérées collectivement comme devant faire l’objet d’une action correctrice. » Le concept d’une « bonne vie » est ainsi « un cours de vie auquel on attache de la valeur, conforme à ses souhaits » : cette approche n’emploie pas « les méthodes orientées vers la mesure quantifiée des moyens » des économistes utilitaristes. À partir d’une recherche portant sur les personnes atteintes d’une maladie d’Alzheimer ou d’un trouble apparenté, les deux économistes présentent « les déplacements méthodologiques que suppose la mobilisation de l’approche par les capabilités. Celle-ci demande la construction d’une base informationnelle la plus large possible, car orientée sur ce qui, dans les façons de faire et d’être observées ou rapportées par les personnes directement et indirectement concernées, résulte d’un choix qu’elles valorisent, ou est présenté comme ayant une valeur particulière, en d’autres termes sur ce qui compte pour elles et donc leurs aspirations et leurs finalités. » Elles soulignent « l’importance du regard en arrière pour donner, dans ces situations particulières, une valeur à la vie du présent », et confrontent les deux approches d’une vie humaine comprise soit comme un trésor, soit comme un capital.

Le Galès C et Bungener M. Poursuivre, avec une maladie d’Alzheimer, une vie qui a de la valeur. La valeur de la vie dans l’approche par les capabilités. Revue française d’éthique appliquée 207 ; 1(3) : 43-56. Janvier 2017. www.cairn.info/revue-francaise-d-ethique-appliquee-2017-1-page-43.htm.