La vie enfouie. Peintures de malades d’Alzheimer, de Patrick Dewavrin et Bruno Sari, préface de Claude Roëls (2)

Société inclusive

Date de rédaction :
16 septembre 2011

Patrick Dewavrin, psychiatre, explique : notre mémoire est bien plus complexe que nous ne l’imaginons. Ce n’est pas la boîte à souvenirs que chacun se représente. Nous n’avons pas une mémoire, mais plusieurs mémoires. Nous pouvons les représenter sous la forme d’une commode à cinq tiroirs : mémoire de travail (qui s’efface après deux minutes, située dans le lobe préfrontal), mémoire épisodique (pour les souvenirs personnels, récents et lointains, située dans l’hippocampe), mémoire sémantique (connaissances générales, usage des mots), mémoire procédurale (savoir-faire gestuels) ; le dernier tiroir de la commode est la mémoire implicite : celle de l’inconscient. C’est celle qui est le plus longtemps conservée dans la maladie d’Alzheimer. Lorsqu’un soignant a un geste un peu brusque avec un patient, celui-ci ne se souviendra ni de son nom, ni des circonstances. Mais lorsque le soignant s’approchera à nouveau, le patient aura une réaction de retrait, de crainte involontaire. Au stade ultime de la maladie, des « ilôts de conscience » restent présents chez les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, comme chez les patients comateux : les personnes malades peuvent encore être réceptives aux paroles et aux gestes de leur entourage. « Il n’est donc pas absurde de leur parler, de leur donner des nouvelles de leur famille et de passer régulièrement les voir », explique le psychiatre.

Dewavrin P et Sari B. La vie enfouie. Peintures de malades d’Alzheimer. Paris : Fleurus. 160 p. ISBN 978-2-2150-9805-8. www.fleuruseditions.com.