La professionnalisation des aides à domicile : relation et affection (3)
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
Pour Franck Guichet, sociologue et doctorant au centre de sociologie de l’innovation de l’Ecole des Mines Paris-Tech, c’est sur la représentation des tâches, l’apparente évidence des activités de la vie quotidienne, que se heurte la professionnalisation des aides à domicile, alors que c’est aussi dans ce creuset que les aides à domicile construisent un savoir. La relation est « la partie la plus créative de leur travail, celle qui leur permet de s’exprimer, d’agir ; c’est par cette relation qu’elles trouvent à la fois leur manière d’être dans le travail, et comment s’ajuster et s’entendre avec la personne ». « Quand on regarde évoluer les aides à domicile dans une maison, de pièce en pièce elles transportent avec elles ces confidences des personnes, et elles apprennent comment interpréter leur partition, pour mettre en scène cette dépendance d’une manière qui la rend acceptable, vivable et même souvent légère, presque normale. Là où une connaissance médicale décrit des déficiences, des restrictions ou des dégénérescences, les aides à domicile viennent remettre du mouvement, bousculer les habitudes, perturber le quotidien, mais en puisant dans la relation pour rechercher la forme adaptée. C’est cela que j’appelle l’affection, et qui me semble être une voie possible pour la professionnalisation de l’aide à domicile ».
Hélène Archambault, chargée de mission sur les métiers de la gérontologie à l’agence régionale de santé (ARS) d’Ile-de-France, rappelle que si c’est un diplôme qui permet d’obtenir un statut et un salaire, les compétences s’acquièrent aussi par l’expérience. L’ARS a mis en place depuis trois ans une certification des compétences sur les relations de soins en situation de communication altérée », dans le cadre de la valorisation des métiers.
CLEIRRPA. Care à domicile. Familles, aidants, aidés : qui est « professionnel » ? Hors-série, Mai 2012.