La personne vieillissante : qu’en pensent les psychologues ?
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
De l’époque du « bébé est une personne », arriverons-nous à « le vieillard est une personne » avec autant d’évidence pour tous ? questionne Delphine Goetgheluck, rédactrice en chef du Journal des psychologues. « On peut avoir une connaissance technique de l’état de la personne, tant médicale que neuropsychologique, cognitive, en termes d’autonomie, mais pour entrer en lien avec elle, et engager un travail quel qu’il soit, il est tout autant nécessaire de l’envisager dans la continuité de sa vie, poursuivant son histoire propre, inscrite à sa manière dans un ici et maintenant. Dès lors, on ne pourra plus considérer ses réminiscences, oublis ou passages à l’acte comme uniquement symptomatiques d’une dégénérescence liée au vieillissement ; au contraire, leurs contenus ou encore la nature des actes prendront sens, et une des missions du psychologue sera de l’accueillir et de le restituer au patient ainsi qu’aux équipes soignantes ». Pour la psychologue, « tout l’enjeu est bien de penser un cadre d’accueil qui maintienne le patient vieillissant dans un espace relationnel propice à l’élaboration d’un projet de vie, dont on ne connaîtra a priori pas la durée, à l’accueil de son désir. Et toute la difficulté sera de réussir à penser ces interventions en l’absence, parfois, de consentement éclairé, de garantir le respect de la personne dans ses limitations d’expression et d’appropriation du réel, comme dans la fragilisation psychique qui peut être la sienne, diminuée dans ses possibilités de faire agir seule ses désirs et confrontée, de plus en plus intimement, au réel de la mort. Cette clinique, si elle n’est pas nouvelle, n’en est pas moins encore en cours d’élaboration ».
Le Journal des psychologues, mars 2013.