La personne malade : un alter ego pour le thérapeute ? (2)
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
Pour Jean-Marie Léger, « le sujet avancé en âge présente une fragilité et une vulnérabilité particulières. Il a une sensibilité plus grande aux modifications du milieu, les événements ont sur lui un effet négatif plus marqué ; ses capacités d’adaptation sont abaissées et sa vitesse de récupération diminuée. Il a tendance à se replier sur lui-même et à réduire ses contacts humains et l’amplitude de son espace relationnel ; il se soumet à l’image que lui impose le groupe. Il a tendance à accepter les situations sans revendiquer, voire sans demander de l’aide. Pour lui, tout soignant, et le médecin en particulier, est un confident et un protecteur contre les dangers qui menacent son existence ; il est aussi celui qui annonce, par son diagnostic, la survenue d’une maladie et au-delà, l’échéance de la mort, d’où souvent une attitude ambiguë, voire difficilement compréhensible à son égard. Le praticien se trouve, dès lors, devant une situation complexe : considérer le patient comme son alter ego, comme une personne humaine à part entière et adapter son comportement à la réalité clinique, savoir créer un espace de proximité sans engendrer de dépendance et sans tomber dans le paternalisme, respecter une certaine distance sur le plan affectif sans que cette mesure soit prise comme une modalité de rejet ou d’exclusion, trouver ce juste milieu qu’Emmanuel Lévinas qualifie de séparation liante ».
Trivalle C et Hazif-Thomas C. Jean-Marie Léger et NPG. Neurologie Psychiatrie Gériatrie 2012 ; 12 : 197-199. Octobre 2012. Léger JM. Éthique et déclin cognitif. Place de la démarche éthique dans la pratique de la psychiatrie du sujet âgé. Neurologie Psychiatrie Gériatrie 2003 ; 3(17) : 47-49.