La personnalité, au-delà des symptômes

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
23 novembre 2014

La revue Doc’Alzheimer propose un dossier sur le thème de l’identité. À l’hôpital parisien Sainte-Périne, le psychologue Jean-Luc Noël a pour objectif que les soins s’adaptent au patient. Pour cela, il tient compte de la personnalité de chacun et préconise à la fois une flexibilité de l’organisation et de bonnes relations entre patients et soignants. L’environnement ne suffit pas. « Avec la maladie d’Alzheimer, un patient peut refuser un soin à un moment et l’accepter sans difficulté dix minutes plus tard. C’est alors mon rôle de chercher à donner du sens à des comportements qui paraissent incohérents. » Chacun vit à sa manière les troubles de la mémoire. « Pour les personnalités chez lesquelles le contrôle domine, la perte de la mémoire est vécue comme une perte de contrôle et cela peut déclencher de l’agressivité. Chez d’autres caractères, cela engendrera de la tristesse, comme la perte d’un objet auquel on tient, et peut-être même ensuite une dépression. Certains auront le sentiment que la mémoire n’a pas été perdue, mais volée. Pour se protéger, ils chercheront alors à se barricader chez eux par exemple. Enfin, il y a aussi tous ceux pour qui la mémoire n’est pas particulièrement importante, et cet oubli qui s’installe n’a pas d’incidence sur leur sentiment d’exister. Sans prendre en compte les réactions de chaque patient, liées à leur personnalité, comment les aider ? »

Thérèse Jonveaux, chef de service de l’unité cognitive-comportementale de l’hôpital Saint-Julien de Nancy, rappelle que toute activité doit être adaptée à la personne, ce qui peut avoir pour conséquence de faire resurgir des moments de vie et de souvenirs. « Ces activités doivent être toujours encadrée par des professionnels expérimentés et formés. Les lieux de rencontre, mais aussi la périodicité, rien ne doit être laissé au hasard. La meilleure des volontés ne suffit pas. Sinon les effets peuvent être totalement contre-productifs. On ne peut pas plaquer un même modèle sur plusieurs personnes », explique Thérèse Jonveaux. « Si le contenu ne correspond pas au patient, il risque tout simplement de refuser de participer ou de se replier sur lui-même. Concernant les souvenirs, un personnel formé et expérimenté saura rebondir pour essayer à chaque moment de retrouver la personne là où elle se situe, et pour décoder ce que la personne exprime elle-même, de ses émotions, de ce qu’elle vit. Apprendre à rencontrer l’autre, contribuer à maintenir une continuité identitaire, respecter l’existence d’une dynamique intérieure personnelle qui persiste : c’est un travail d’équipe où chacun connaît, joue son rôle et œuvre en étroite collaboration. »

Doc’Alzheimer, octobre-décembre 2014.