La nuit : comprendre l’histoire de vie

Société inclusive

Date de rédaction :
01 novembre 2008

Tenant compte de la perception différente de la réalité vécue par les personnes malades, le regard des professionnels se modifie: « au lieu de considérer les déments uniquement comme des insensés dont l’esprit st parti, nous devons admettre que leurs comportements absurdes ont du sens même s’ils ont l’esprit troublé », il faut chercher à décoder « ce qu’ils essaient peut-être de nous dire », proclame depuis longtemps le psychiatre Jean Maisondieu. Mais encore faut-il pouvoir se mettre à l’écoute pour pouvoir entendre. Les professionnels de la maison de retraite de La Salette, à Bully (Rhône) ont suivi des résidents qui se relevaient en secret la nuit, et ont appris, en parlant avec leur famille, qu’ils avaient tous, à un moment donné, travaillé la nuit, explique Gaby Montoya, directrice de l’établissement. Des activités individualisées ont été proposées à ces résidents. Une cinéphile avertie a pu ainsi visionner la nuit de vieux films français ; « cette femme, qui ne parlait quasiment plus, se mettait à faire des commentaires, puis elle partait tranquillement se coucher, sans somnifères ». Une ancienne ouvrière du textile, habituée aux horaires de trois-huit, s’est vu confier le chariot de linge : après avoir tout plié, elle regagnait son lit. Un ancien boulanger, vers trois heures du matin, aimait saucissonner et parler avec l’une des animatrices de nuit, après quoi il trouvait le chemin du sommeil. Pour Marie-Jo Guisset-Martinez, responsable du pôle Initiatives locales à la Fondation Médéric Alzheimer, la nuit est un grand enjeu pour le confort et le bien-être de tous, et des personnes accueillies en particulier.
Actualités sociales hebdomadaires, 21 novembre 2008.