La nostalgie de la vie en ex-Allemagne de l’Est comme thérapie (2)
Société inclusive
Le directeur de cette maison de retraite, Gunter Wolfram, assure que l’immersion dans ce bric-à-brac permet aux patients de récupérer un peu de leurs capacités cognitives, intellectuelles et physiques. « Des objets liés à une époque précise peuvent déclencher de très fortes émotions. Ce sont ces émotions qui nous intéressent, car elles jouent un rôle décisif dans le traitement », dit-il. « Nous avons vu des gens émerger de leur léthargie, soudainement capables de beurrer leur tartine, de manger, boire, aller aux toilettes seuls, et devenir bien plus amicaux et intéressés par ce qui se passe autour d’eux. » Andreas Kruse, directeur du département de gérontologie de l’université de Heidelberg, dans l’ouest de l’Allemagne, sans lien professionnel avec la maison de retraite Alexa, estime que la démarche empirique du directeur de cet établissement repose sur des fondements scientifiques sérieux. Mais le spécialiste, qui a mené des études sur des personnes âgées rescapées de la Shoah ou d’anciens dissidents soviétiques, redoute aussi que cette exposition répétée au passé ne ravive les traumatismes : « les régimes totalitaires peuvent laisser des marques sur les individus jusqu’à un âge avancé ». Guther Wolfram, qui a lui aussi grandi en RDA, ne se fait pas d’illusions sur la dictature est-allemande, sa police politique, la Stasi, son isolement et ses graves pénuries. « Nous sommes tous contents qu’il n’y ait plus de RDA. Nous avons voulu recréer des morceaux de la vie de ces patients, avec des objets qui peuvent déclencher des associations positives, et aussi cet esprit de cohésion sociale qui existe dans une société où l’on manque de beaucoup de choses. »