La mort, « une règle implicite affolante pour les professionnels »
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
« Les professionnels qui accompagnent des personnes âgées dépendantes se retrouvent dans une situation paradoxale », rappelle Thierry Darnaud, maître de conférences en psychologie, et chercheur au laboratoire de cliniques pathologique et interculturelle (LCPI, EA 4591) à l’Université Toulouse Jean-Jaurès. « Ils donnent des soins dont le but est d’améliorer la qualité de vie des personnes désignées. Mais leur travail d’accompagnement conduit aussi inévitablement la personne âgée à la mort. Cette finalité étant contradictoire avec l’essence du soin qui est prodigué, personnes âgées, familles et professionnels s’organisent pour ne pas en parler. Sans en avoir conscience, tous s’organisent pour tenter de sortir du paradoxe dans lequel l’obligation de réponse à la dépendance les enferme » : ainsi, « de façon implicite, cette question de la mort devient une règle qui va entraîner la “dépsychisation” des personnes âgées en s’appuyant sur les doctes discours des spécialistes de la psychopathologie et des pathologies neuro-dégénératives pour que les soignants puissent continuer à prendre soin de leurs corps. »
Darnaud T. La mort, une règle implicite affolante en gérontologie. Gérontologie et société 2016 ; 38(150) : 101-108. Septembre 2016. www.cairn.info/revue-gerontologie-et-societe-2016-2-page-101.htm.