La Fête Alzheimer : la provocation du selfie

Société inclusive

Date de rédaction :
01 septembre 2017

Une exposition photographique sous les grands arbres au bord du lac explore justement « le rapport des personnes malades à elles-mêmes et au monde », dit Settimio Benedusi, l’un des plus grands photographes italiens, qui a animé un atelier et tiré des portraits insolites ou originaux des visiteurs : « c’est comme la redécouverte d’exister ». L’exposition photographique inaugurale, intitulée Selfie sans self est « une provocation », écrit le journaliste Michele Farina, du Corriere della Sera, dans la rubrique Regards sur la société. « C’est un lieu commun pour cette maladie qui touche la mémoire : les personnes oublient jusqu’à leur propre nom, ne reconnaissent plus leur propre visage. Ici, on peut faire un selfie [cliché photographique de sa propre personne, généralement pris avec un téléphone portable], quand le self, la conscience de soi, a cessé d’être entière, comme une lune décroissante : “je me prends en photo, donc je suis (mi selfo, dunque sono). Moi aussi”. Hectorine, avec son ego vacillant, s’est prise avec un foulard et des grandes lunettes de diva. “Nous existons”, nous disent Marina et Carlo, qui regardent le téléphone. « Si la maladie d’Alzheimer rend la personne invisible, si les proches deviennent des gardiens de fantômes sous une cape de honte, un selfie est un petit signe, un geste d’orgueil : nous sommes aussi nous-mêmes », dit le photographe. « Si Niko regarde l’objectif et clique, peut-être qu’il ne se reconnaît pas lui-même ; mais nous le voyons, lui, et nous ne pouvons pas faire semblant qu’il n’existe pas. »