La démence, un syndrome gériatrique

Prévention

Date de rédaction :
15 février 2013

En octobre 2012, dans la prestigieuse revue médicale The Lancet, Carol Brayne et Daniel Davis, du département de santé publique de l’Université de Cambridge (Royaume-Uni), avaient dénoncé « les visions parallèles en tunnel de l’essentiel de la recherche sur la démence » et « un manque troublant de curiosité scientifique collective, accompagnée d’un consensus absurde » (nonsensus consensus). À la suite de ces critiques, Timo Strandberg, du département de médecine de l’Université d’Helsinki (Finlande) et Desmond O’Neill, du centre du vieillissement, des neurosciences et des humanités du Trinity College de Dublin (République d’Irlande), tous deux membres du Conseil exécutif de la Société européenne de médecine gériatrique, proposent de reconsidérer radicalement le problème de santé publique en considérant la démence comme un syndrome gériatrique qui devrait être prévenu autant que possible par une intervention précoce. « Il est de plus en plus apparent que la démence clinique à un âge avancé, même si on l’appelle souvent de façon trop enthousiaste “maladie d’Alzheimer”, est un syndrome gériatrique dont les causes multiples comprennent la neurodégénérescence, les troubles de la circulation cérébrale et de nombreux autres facteurs. Cette diversité complique la recherche de traitements mono-cibles, mais ouvre la voie à des approches innovantes de prévention et de traitement. Cela explique aussi la supériorité marquée des interventions à composantes multiples dans les essais thérapeutiques. L’approche de la médecine gériatrique conduit à inclure dans les essais cliniques des personnes d’âge, de fragilité et de forme physique comparables aux personnes qui recevront le traitement en pratique. La conception d’essais multi-domaines dans la démence, chez des personnes majoritairement plus âgées et plus fragiles sera clairement plus difficile que des essais d’interventions simples chez des personnes plus jeunes et en meilleure forme physique, mais n’est pas une tâche insurmontable ; l’impératif moral et scientifique est fort.

Strandberg TE et O’Neill D. Dementia-a geriatric syndrome. Lancet 2013 ; 381(9866): 533-534. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/23415299. Brayne C et Davis D. Making Alzheimer’s and dementia research fit for populations. Lancet 2012; 380(9851):1441-1443. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/23084456.