La démence devient « l’affaire de tous »

Société inclusive

Date de rédaction :
28 août 2016

« La maladie d’Alzheimer fait toujours peur et est toujours considérée par certains comme un “fléau”. Toutefois, une remise en cause progressive du traitement médiatique est observable : certains mots ou certaines images ne seraient en 2016 plus possibles », écrit Laëtitia Ngatcha-Ribert, docteur en sociologie et chargée d’études senior à la Fondation Médéric Alzheimer.  Globalement, l’image et le regard social portés sur la maladie d’Alzheimer et les personnes malades lui semblent plus nuancés et surtout plus sophistiqués et plus complexes que dans le passé. « La diffusion de la maladie dans les œuvres de fiction et les médias se traduit notamment par un concept nouveau, celui d’une société « amie de la démence » (dementia-friendly society), qui se voudrait accueillante pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ou des maladies apparentées », « Cela témoigne d’une mobilisation accrue de l’ensemble des acteurs de la société, dans laquelle la démence devient “l’affaire de tous”, à tous les échelons des territoires : police, pompiers, hôpitaux, banques, magasins, commerçants, hôtels, etc. » Les Français en ont encore peu connaissance. Des expériences et des initiatives innovantes se développent ainsi pour offrir des services plus adaptés aux personnes malades. Il s’agit d’être suffisamment bien informé sur le sujet et suffisamment compréhensif et bienveillant pour accepter les différences et apporter de l’aide aux personnes malades, à leurs aidants et à leurs familles. Pour la sociologue, ce concept de société accueillante pour les personnes malades « semble augurer de changements sans doute majeurs dans les années à venir, même s’il faut faire attention à ne pas le galvauder. » Par ailleurs, sur le plan médiatique, « les incertitudes médicales et scientifiques qui entourent la maladie d’Alzheimer ne sont plus occultées », observe Laëtitia Ngatcha-Ribert. Même si les avancées en matière de recherche ou de prévention de la maladie par tel ou tel aliment sont présentées quasi-quotidiennement, elles le sont de manière beaucoup plus prudente que par le passé. “Une maladie complexe” est une expression que l’on rencontre à présent fréquemment, signifiant que ce n’est pas simple et que l’on sait peu de choses… Médias, chercheurs, associations font montre de moins de triomphalisme et réalisent que beaucoup reste à faire, que ce soit en matière de traitements, de diagnostic ou de prise en charge. “Vedettes médicales”, artistes, personnes malades, célèbres ou non, constituent aujourd’hui l’essentiel des porte-paroles de la “cause Alzheimer”. »

Huffington Post, 21 septembre 2016.