La crédulité face à l’escroquerie téléphonique pourrait signaler un risque de déclin cognitif

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Date de rédaction :
23 juillet 2020

Patricia Boyle, du centre Alzheimer de l’Université Rush de Chicago (Etats-Unis), et ses collègues, ont recruté 935 personnes âgées, sans troubles cognitifs à l’inclusion. Chaque participant a commencé par remplir un « questionnaire de sensibilisation à l’escroquerie », afin de mesurer son niveau de conscience – et donc de vigilance – sur le sujet. Les questions portaient sur la croyance des participants à des arguments de vente, leur intérêt pour les placements potentiellement risqués et s’ils comprenaient que les personnes âgées sont plus vulnérables aux escroqueries. Le risque d’escroquerie a été mesuré à l’aide du Risk Meter développé par l’autorité de régulation financière FINRA (Financial Industry Regulatory Authority, https://tools.finra.org/risk_meter/). Le score moyen des participants de l’étude était de 2,8/5, le score maximum de 5 indiquant un niveau élevé de sensibilisation à l’escroquerie. Les participants ont été suivis pendant 6 ans et ont passé chaque année des tests neuropsychologiques. Par ailleurs, 264 personnes (28 %) sont décédées au cours de cette période et leur cerveau a été autopsié afin de détecter d’éventuels signes de maladie. 16 % des participants ont développé une maladie d’Alzheimer et 27 % un trouble cognitif léger durant cette période. Une faible sensibilisation à l’escroquerie (c’est-à-dire une plus forte crédulité de la personne âgée face aux arguments d’un escroc) est associée à un risque accru de 56 % de développer une maladie d’Alzheimer et à un risque accru de 47 % de développer un déficit cognitif léger. Au niveau anatomique, une forte sensibilisation à l’escroquerie est associée à une perte de matière grise dans les régions temporales médianes droites et dans la matière blanche de l’hémisphère droit du cerveau. Ces réseaux neuronaux sont impliqués dans le traitement multi-sensoriel des informations ayant trait aux conséquences immédiates et futures des événements. Un déclin de la sensibilisation à l’escroquerie pourrait être un signe très précoce de la maladie d’Alzheimer, bien avant que l’on ne puisse reconnaître les troubles cognitifs, explique Patricia Boyle. Mais l’outil de mesure de la sensibilisation à l’escroquerie n’est pas assez robuste pour être utilisé en pratique clinique, modère-t-elle.

www.newsweek.com/alzheimers-early-warning-falling-scams-dementia-1394237, 15 avril 2019. Boyle PA et al. Scam Awareness Related to Incident Alzheimer Dementia and Mild Cognitive Impairment: A Prospective Cohort Study. Ann Intern Med, 16 avril 2019. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/30986826. Lamar M et al. White matter correlates of scam susceptibility in community-dwelling older adults. Brain Imaging Behav, 20 mars 2019. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/30895444. www.reuters.com/article/us-health-dementia-scams/financial-scam-victims-have-higher-risk-of-alzheimers-idUSKCN1RR2C7, 16 avril 2019. www.medisite.fr/alzheimer-arnaques-telephoniques-tomber-dans-le-panneau-un-signe-precoce-de-demence.5506053.43.html, 16 avril 2019.