La confusionite, de Colette Roumanoff
Société inclusive
Fabrice Gzil, responsable du pôle Études et recherche de la Fondation Médéric Alzheimer, est allé voir la pièce de Colette Roumanoff. Il lui écrit : « J’ai été heureux de constater que votre pièce, dont j’avais déjà pu apprécier le texte, est à la scène une vraie réussite. Vous montrez à quel point les personnes malades sont sensibles à l’atmosphère qui règne autour d’elles, au stress, aux cris, aux tensions, aux conflits…, et combien il est important de créer pour elles un environnement apaisé et apaisant. Comme cette chose toute simple nous éloigne des grands discours lénifiants ! Comme elle est susceptible de changer concrètement nos manières de faire ! Vous montrez également, je trouve, que lorsqu’on resitue les difficultés occasionnées par la maladie d’A. à côté des psychopathologies banales de la vie quotidienne (hystérie, hypocondrie, alcoolisme…), il n’y a pas de raison particulière pour conserver à l’Alzheimer son statut d’exception, voire d’en faire une figure du mal. Vous montrez, enfin, que les personnes malades, mais aussi celles et ceux qui les accompagnent au quotidien, peuvent – pour peu qu’on sache les écouter et les entendre – continuer de jouer, même si c’est d’une autre façon, leur rôle de père et de mère, de beau-père et de belle-mère ; comme ils peuvent, d’une autre manière, continuer à être un soutien (et non pas seulement un fardeau) et véritablement aider les soi-disant bien-portants à affronter les difficultés qu’ils traversent, par leurs mots, par leur sollicitude, par leur écoute, par leurs conseils, par leur présence… On ressort de la pièce un peu comme la belle-mère qui, après un sommeil réparateur, est (pour un temps !) lavée de ses préjugés, apaisée et capable de percevoir la générosité de la présence au monde de ceux pour lesquels le présent est devenu l’essentiel. Pour tout cela, je suis convaincu que votre pièce fera non seulement changer de regard sur la maladie, mais aussi, mais surtout, qu’elle favorisera d’autres manières d’être vis-à-vis des personnes malades et de celles et ceux qui les accompagnent au quotidien. »