La CNSA amorce une mutation majeure de la réponse institutionnelle à la perte d’autonomie
Droit des personnes malades
Marie-Anne Montchamp, la nouvelle présidente de la CNSA (Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie), revendique un rôle politique et se positionne en faveur d’une transformation du modèle des EHPAD (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes). « Je crois que, pendant très longtemps, nous avons hésité, dans nos choix politiques, sur l’accompagnement du vieillissement, en particulier sur la situation des plus âgés », dit-elle. Cette hésitation a focalisé l’attention sur l’évacuation du débat technocratique vers le « cinquième risque », c’est-à-dire le financement d’une réponse institutionnelle à la question du vieillissement. Il s’agissait de solvabiliser un modèle para-hospitalier : l’EHPAD. Le tour de France que Marie-Anne Montchamp a effectué en 2010-2012, dans le cadre du débat national sur la dépendance, lui a fait prendre conscience que l’EHPAD ne pouvait pas être proposé comme point central d’une politique de protection sociale. « Aujourd’hui, l’offre se transforme toute seule sans que le décideur public n’intervienne. Quand on regarde qui va en EHPAD, on sait que ce sont des personnes de plus en plus âgées, qui ont le plus souvent des pathologies neuro-dégénératives, et quand elles y entrent, la durée moyenne de séjour constatée est de 18 mois : notre énergie collective doit désormais se porter sur la fabrication des ralentisseurs de la perte d’autonomie (…) Toute notre énergie doit être mise, bien sûr à maintenir cette réponse institutionnelle, mais à la transformer pour que la somme des savoirs, (…) la connaissance qui caractérise ces établissements, puisse bénéficier à des solutions non institutionnelles – le fameux EHPAD hors les murs, devenant une plateforme ouverte, un lieu ressources, permettant au passage que les personnels puissent entrevoir des évolutions. Et en parallèle, il faut travailler, avec autant d’énergie et de détermination, à la mise en place de toutes les préventions en amont pour ralentir le glissement ». Marie-Anne Montchamp a proposé au conseil de la CNSA, qui produit chaque année un chapitre prospectif dans le rapport annuel, d’adopter un horizon à 3 ans pour travailler à la transformation de l’offre : « Qu’est-ce qui fait domicile pour une personne fragilisée par la perte d’autonomie liée à l’âge ou au handicap ? L’institution est-elle oui ou non un domicile ? Quelles sont les conditions qui nous feraient dire que c’en est un ? », s’interroge-t-elle. Il faut que le sanitaire fasse ce qui relève du sanitaire et que l’accompagnement, le prendre soin et le maintien en citoyenneté, sur son modèle économique propre qui n’est pas le même que celui du sanitaire, a fortiori sur le champ de la chronicité, prenne toute sa place. Sinon, le sanitaire continuera de s’épuiser dans des missions qui sont en mode dégradé, sur un modèle économique inapproprié, et nos compatriotes auront le sentiment qu’on ne prend pas soin d’eux comme ils pensent qu’on le devrait… »
Gérontonews, 30 novembre 2017.