Jardins, corps et âme (1) Mai 2010
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« Un malade à qui vous présentez une plante en lui suggérant de la planter retrouvera spontanément le bon sens, racines en bas, fleurs en haut », étonnante résurgence quand on sait qu’une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer a parfois du mal à tenir correctement une simple fourchette, explique Anne Ribes, infirmière de formation. Elle est devenue « jardiniste » après avoir remarqué que de nombreuses parcelles de terrain, coincées entre deux bâtiments, ne servaient à rien dans les hôpitaux, et pouvaient être utilisés « dans un but d’accompagnement dans la lutte contre la souffrance ». A soixante-trois ans, elle a créé une demi-douzaine de jardins dans des centres hospitaliers de la région parisienne. A l’hôpital Louis-Mourier de Colombes (Hauts-de-Seine), elle anime toutes les semaines un atelier « potager-fleurs » auprès d’une dizaine de personnes âgées très dépendantes, dont la plupart terminent leur vie seules, sans famille. Des enfants d’une classe de maternelle sont invités chaque semaine à entretenir, avec les locataires du lieu, ce « jardin des âges ». Pour Anne Ribes, « planter un végétal est un pari sur l’avenir, car on voudra le voir fleurir ».
Claudette, quatre-vingt-cinq ans, vit en maison de retraite. Elle présente une atrophie temporale prédominante, avec des troubles du langage. Le test MMSE (mini-mental state examination) n’est plus réalisable. Le psychologue lui fait dessiner un arbre. Claudette explique : « par terre, là des fleurs et des… qui sont là et sortent de là. C’est joli ». « Et qu’est-ce qu’il faudrait faire, concrètement, pour cet arbre ? » demande le psychologue ? « Qu’il y ait des enfants qui courent… C’est ça qu’il faudrait faire… », répond Claudette.
Le Monde Magazine, 30 avril 2010. Neurologie Psychiatrie Gériatrie. Fernandez L et al. Contributions du dessin de l’arbre en psychogérontologie : évaluation et accompagnement. Avril 2010.