Japon : chanter pour changer le regard sur la maladie

Société inclusive

Date de rédaction :
01 septembre 2017

À Sakaï (Japon), Izumi Kimoto, âgé aujourd’hui de cinquante-cinq ans, est responsable des soins et de l’accompagnement dans un établissement de soins de longue durée d’Osaka. À ce titre, il est en charge du suivi de personnes âgées, notamment atteintes de démence. Son beau-père, qui vit avec lui, est lui-même atteint de démence. Monsieur Kimoto s’est rendu célèbre pour les tournées qu’il effectue, à titre bénévole, dans des établissements de soins de longue durée où, s’accompagnant de sa guitare, il chante des chansons dédiées aux personnes âgées atteintes de démence. L’une de ses chansons, intitulée « Même si tu oublies, tu n’oublies pas », connait un grand succès et lui est réclamée à chacun de ses concerts. Monsieur Kimoto explique que tout a commencé, il y a six ans, lorsque l’un de ses collègues qui savait qu’il avait appris la guitare lorsqu’il était jeune – pratique qu’il avait, ensuite, plus ou moins abandonnée, faute de temps – lui a demandé de jouer quelque chose à l’occasion de la fête de Noël organisée dans un centre d’accueil de jour Alzheimer. Ce jour-là, alors qu’il chantait « La mariée », chanson qui avait connu un grand succès dans les années 1970, une octogénaire s’est mise à chanter avec lui : le ton était juste, les paroles étaient absolument correctes. Ce fut une immense stupéfaction parmi les personnels présents : cette femme n’avait jamais dit un mot depuis qu’elle fréquentait le centre, personne n’avait jamais entendu le son de sa voix. La nouvelle s’est alors propagée rapidement et Monsieur Kimoto n’a cessé, depuis, d’être sollicité. Il a donné plus de trente concerts dans de tels établissements. Il estime que « ses chansons peuvent contribuer à changer le regard de l’entourage d’une personne atteinte de démence et à apaiser ses appréhensions en faisant comprendre que, si la tête oublie, le cœur, lui, n’oublie jamais et qu’une petite étincelle peut faire ressurgir les souvenirs les plus profondément enfouis. Il tente, également, de faire ressentir l’angoisse de la personne qui se sent perdue, angoisse qu’il avait lui-même ressentie lorsqu’enfant, il s’était perdu dans un grand magasin, malgré la sollicitude des employés. »

Mainichi Shinbun, 11 juillet 2017. Veille en japonais et traduction bénévole de Kyoko Siegel.