« J’ai eu honte, j’ai eu peur qu’on me juge »
Société inclusive
« Paul s’est rendu compte qu’il y avait des soucis, un fonctionnement inhabituel. Moi, je ne voulais pas trop le voir, je me sentais juste fatiguée », se souvient Marie-Hélène. Un coup de panique sur un rond-point. Des difficultés dans son métier de bibliothécaire. Des dossiers administratifs devenus insurmontables. L’énergie débordante des petits enfants vite insupportable. Le mot, Alzheimer, « est un choc violent », avoue Paul. Comme cette orientation en gériatrie un temps envisagée. « Sur le plan psychologique, on aurait aimé que ça se passe autrement », dit juste Paul. Après, « ça chemine ». En un an, le couple de Gardois a dû déménager, réorganiser la vie à deux, la vie de famille, se projeter autrement, se projeter quand même. Ils ne sont pas en colère, ils « acceptent ». « Ce n’est pas une épreuve qu’on nous envoie, c’est la vie ! » Marie-Hélène, qui évolue dans un espace plus restreint où elle garde ses repères, tente de faire partager son « ressenti » : « Je ne peux plus rien faire, j’ai beaucoup de mal à lire, à aller au cinéma… J’ai eu honte, j’ai eu peur qu’on me juge », confie-t-elle. Mais « les amis et la famille sont bienveillants » et “Paul me stimule sans cesse”. Monique, mutique après l’annonce, « de peur de répéter toujours la même chose », « de peur de dire que j’avais Alzheimer » a « repris le cours de la vie », confie-t-elle depuis l’Italie. Marie-Hélène voudrait aller au Japon. « Je ne sais pas si je pourrai partir si loin, longtemps. » Son mari promet : « On ira. »