« J’ai du mal à ne pas m’énerver. Je m’en veux après »

Société inclusive

Date de rédaction :
23 novembre 2014

Apprenant son diagnostic de maladie d’Alzheimer à l’âge de soixante ans en 1999, Christiane « s’est rebellée. Elle s’est mise à faire du sport et des mots fléchés pour faire travailler sa mémoire. Elle espérait que couplée à son traitement médicamenteux, cette hygiène de vie retarderait la maladie même si elle savait que rien ne l’arrêterait et que ses manifestations ne tarderaient pas à prendre le dessus», témoigne son mari Yvan Garrigou, de Colomiers (Haute-Garonne). Peu à peu, l’état de Christiane s’est dégradé. « Pendant les cinq premières années, ça allait à peu près. Elle perdait la mémoire et les tâches du quotidien devenaient de plus en plus difficiles pour elle, mais elle parvenait à vivre plus ou moins normalement avec nous. Et puis, quand elle a eu soixante-cinq ans, les choses ont vraiment dégénéré. On ne pouvait plus la laisser seule ; elle ne réussissait pratiquement plus à faire quoi que ce soit sans mon aide ou celle de mes enfants. Dès lors, il a fallu l’encadrer en permanence, être tout le temps à ses côtés». « Parfois, certains soirs, je suis épuisé et j’ai du mal à ne pas m’énerver à cause de ses comportements et propos irraisonnés et incessants. Je m’en veux après, mais cela se produit malheureusement», confie-t-il avec tristesse et culpabilité même si, finalement, cela n’a rien d’inhumain. Profite-t-il davantage de son temps libre depuis que Christiane est en accueil de jour ? interroge Guillaume Atchouel, de La Dépêche. « Non. Je suis incapable de profiter de ces moments, de me dire je vais au cinéma ou au spectacle en sachant que ma femme se coupe chaque jour un peu plus de nous, du monde. » Il consacre quelques heures à l’association France Alzheimer de Haute-Garonne, dont il est aujourd’hui le trésorier. « Cela me permet de voir des gens, de ne pas vivre en vase clos et peut-être de ne pas sombrer dans la dépression. »

www.ladepeche.fr, 19 novembre 2014.