« J’ai choisi de me comporter avec lui comme s’il n’était pas malade, mais je crois que je n’ai jamais voulu voir la réalité en face »

Société inclusive

Date de rédaction :
03 mars 2017

« Pour moi, la maladie d’Alzheimer signifiait que l’on perdait la personne atteinte, comme un premier départ », écrit Aurélie, dont le père avait soixante-trois ans lorsque les premiers symptômes de la maladie d’Alzheimer sont apparus. « J’ai choisi de me comporter avec lui comme s’il n’était pas malade, mais je crois en fait que je n’ai jamais voulu voir la réalité en face. Pour ma sœur, c’était différent. Elle travaille dans le milieu médical, donc le lien affectif était là, mais elle était capable de prendre du recul et de se focaliser sur l’aspect médical de la maladie. En 2010, à la naissance de mon second fils, Papa conduisait encore mais il était de plus en plus “absent”. Il nous reconnaissait mais ne parlait plus beaucoup. On ne parlait jamais de sa maladie, le mot “Alzheimer” n’a été prononcé que lorsque nous avons pris la décision de le faire entrer en établissement. Une décision qui est intervenue un peu dans l’urgence lorsque ma mère a dû être hospitalisée en août 2012. Elle avait de plus en plus de mal à s’occuper de lui. Il refusait de se lever, de manger, de prendre sa douche. C’était une source de tensions énormes entre eux lors de ses phases de conscience. Nous n’avons pas eu d’autres choix que de le placer dans un établissement spécialisé dans la prise en charge des malades atteints d’Alzheimer. C’est ma sœur qui l’a accompagné et je sais que ça a été terriblement difficile pour elle. Elle m’a alors dit : “C’est ce jour-là que je lui ai dit au revoir. En refermant la porte derrière moi.” Il n’avait que soixante-douze ans. » Après le décès de son père, alors qu’elle rangeait ses affaires, Aurélie est tombée sur sa sacoche de travail. « Il ne l’avait pas vidée. En regardant à l’intérieur j’ai trouvé de la documentation sur la maladie d’Alzheimer. Dès le début il avait compris. »