Intervention à domicile : des relations complexes
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
La collaboration entre l’aidant familial et l’aidant professionnel intervenant à domicile est complexe, souligne Evelyne Baillif, de l’antenne Brigitte Croff Conseil et associés des Pays de Loire. Elle a interrogé Madame Labro, aidante familiale de soixante-dix ans, qui accompagne son mari de dix ans plus âgé et lourdement dépendant (GIR 2) suite à un accident vasculaire cérébral. Que pense Madame Labro de l’aide à domicile, dont le premier passage est à huit heures du matin et le dernier à vingt heures ? « Comme matériel, c’est tout un cirque : il y a un lit médicalisé, un lève-malade redoutable, une table pour manger, un fauteuil adapté avec des roues et trois tonnes de pansements ainsi que des blouses et des gants jetables. J’ai cinq personnes différentes par jour, entre le service de soins à domicile et l’ADMR (Association du service à domicile), et elles changent environ tous les deux à trois jours ; ce ne sont jamais les mêmes personnes pour des raisons de planning ; en tout cas c’est ce qu’on m’a dit et c’est marqué sur les papiers. Ils voulaient me donner des heures en plus, mais j’ai refusé, car c’est infernal des gens toute la journée chez moi à qui je dois réexpliquer à chaque fois les gestes, ce qu’il faut faire et comment ; en plus, je ne sais pas qui vient à l’avance. C’est cela qui est épuisant pour moi, répéter sans cesse et être toujours présente car mon mari est trop handicapé et ne peut s’exprimer clairement ». Elle n’a pas l’impression d’être écoutée, entendue et soutenue par certaines intervenantes. Les interventions à domicile la soulagent mais la fatiguent : « c’est tous les jours et toute la journée mais on s’habitue, c’est comme ça, on ne choisit rien». « Déjà, si les interventions étaient faciles et agréables, ça serait déjà m’apporter du répit ».
Brigitte Croff Conseils et associés, septembre 2009.