Interagir avec le monde extérieur

« Loin de la croyance selon laquelle les technologies de l’information et de la communication (TIC) sépareraient les générations, on constate qu’elles peuvent contribuer à faciliter les échanges et à renouer des liens distendus par la maladie ou l’éloignement géographique », explique Marie-Jo Guisset-Martinez, gérontologue et alors responsable du pôle Initiatives locales à la Fondation Médéric Alzheimer. « La famille, grâce aux photos, aux chroniques sur Internet et aux mails échangés, peut ainsi découvrir ce qui fait la vie de la personne dans la structure d’accueil. Le recours aux TIC offre également aux personnes malades l’occasion de construire un nouvel espace d’expression. » À l’accueil de jour Al’Fa Répit de Drefféac (Loire-Atlantique), l’équipe a « accompagné » un jeune homme, Julien, dans un tour de France avec un âne. Grâce à une correspondance régulière par courriels et cartes postales, les usagers de l’accueil de jour et Julien ont pu partager connaissances ou informations sur les monuments visités et recettes locales à ne pas manquer de déguster dans chacun des lieux. La maison de retraite de Notre-Dame-de-l’Osier (Isère) s’est quant à elle équipée pour permettre, via le logiciel Skype (téléphonie et visiophonie sur Internet), à des résidents de l’unité Alzheimer, assistés d’un professionnel, de voir des membres de leur famille et d’échanger quelques mots avec eux. À l’association Vie à domicile de Paris, les auxiliaires de vie munies de tablettes peuvent visionner des photos de famille avec des personnes aidées qui vivent seules, ou encore organiser un rendez-vous via Skype avec leurs proches. L’usage de ces technologies permet de sortir de « l’enfermement » que peut représenter, pour ces personnes, la seule évocation du passé, et les aide à s’inscrire dans une dynamique au présent et même à se tourner vers un avenir. Pour Marie-Jo Guisset-Martinez, « ces quelques initiatives montrent qu’il est possible de trouver des voies pour préserver et élargir le cercle relationnel des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, à condition de créer une synergie particulière entre l’outil, les utilisateurs et les professionnels qui les accompagnent. De telles démarches peuvent, à leur façon, contribuer à faire tomber les barrières encore tenaces entre les personnes malades et la société civile. »

Guisset-Martinez MJ. Interagir avec le monde extérieur. Animagines, 12-13. Octobre-novembre 2014.