In-quiétude éthique
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
Pour Alain Cordier, « la solidarité pour l’autonomie touche au sens de l’humain. Autant dire que nous ne serons jamais quittes, et qu’il s’agira toujours d’un pas après pas, d’une étape législative après une autre étape législative. Une autonomie altérée dans les gestes de la vie quotidienne est en effet une rupture existentielle qui dérange absolument tout ordre établi. Il nous faut dès lors penser et vivre un retournement majeur, en mettant au jour que le faible oblige le fort, que l’homme couché oblige l’homme debout. Voilà que la liberté et l’autonomie, voilà que ces deux mots, si fondateurs de nos réussites individuelles et collectives, se trouvent d’un coup bouleversés par la perte d’autonomie. Il nous faut alors deviner qu’une vie humaine ne saurait se limiter à ce qui est performant, à ce qui se montre, à ce qui se veut supérieur, à ce qui est possible ». « Voilà que vient au jour « l’in-quiétude éthique » que représente la responsabilité inaccessible pour l’autre, venant interpeller toute quiétude à être. Cette impossibilité-là renvoie à l’impossibilité de passer son chemin en détournant son regard. Elle appelle à détourner son pas vers celui qui désespère ». Manière « de signifier le caractère décisif de notre réponse au défi posé, parce qu’elle dira le visage d’humanité de notre société. Manière de souligner qu’une telle perspective devrait nous animer au point de savoir collectivement trouver, pas après pas, les réponses techniques et financières appropriées, faute de quoi, nous ne serions pas au rendez-vous de la dignité de la personne ».
Réalités familiales , décembre 2008.