In memoriam : Daniel Roumanoff

Société inclusive

Date de rédaction :
22 novembre 2015

Daniel Roumanoff, atteint de la maladie d’Alzheimer depuis 2005, s’est éteint. Son épouse Colette, metteur en scène, avait décidé de relater sur son blog Bien vivre avec Alzheimer les tribulations d’un couple confronté à la maladie, et proposait des conseils aux personnes malades et aux aidants, qu’elle a réunis dans un livre publié en septembre 2015, intitulé Le bonheur plus fort que l’oubli. Comment bien vivre avec Alzheimer ? Colette Roumanoff y écrivait : « lorsque j’ai compris que Daniel était atteint d’Alzheimer, je me suis sentie déboussolée mais je n’ai pas renoncé au bonheur, même si au début il semblait s’être enfui loin de nous. Dix ans plus tard tout me paraît plus simple : le seul fil d’Ariane qui permet de se tirer de tous les pièges que la pathologie dresse sous nos pas est justement celui qui mène au bonheur partagé. Aucun autre n’est fonctionnel. Seul le bonheur assure la collaboration active du patient dans la vie quotidienne, une collaboration précieuse et irremplaçable. Retrouver le sourire, rendre le sourire. Est-ce un travail ? Est-ce une fatigue ? Non, c’est plutôt un savoir-faire et un savoir-être, qui se cultivent au même titre que toutes les activités humaines. Il ne faut jamais perdre de vue que la maladie d’Alzheimer est une maladie de la gestion de l’information. Trop d’informations fait bugger le cerveau et une absence d’informations utiles l’empêche de fonctionner.  Entre les deux il y a de la place pour aménager le bonheur des patients. » Colette Roumanoff avait décidé que « la tragédie ne monterait pas à bord de son bateau ». Un seul moyen pour relever ce défi : comprendre la maladie et les réactions de la personne malade. Son mari ne se souvenait pas de leur histoire, mais il savait qu’elle était « Colette » et ressentait toute l’importance qu’elle avait pour lui. En apprivoisant peu à peu « cet Alzheimer » qu’elle avait renommé La Confusionite, pour rire de la maladie dans une pièce de théâtre, Colette Roumanoff montrait qu’il était possible de « vivre, au présent, une relation heureuse. » Sa fille, l’humoriste Anne Roumanoff écrivait en juin 2015, à l’occasion de la Fête des pères : « il a presque quatre-vingts ans, ses cheveux sont tout blancs, ses petits-enfants l’appellent papou. Il me regarde d’un air absent. C’est toujours la question que les gens posent : “D’accord, ton père a la maladie d’Alzheimer, mais il te reconnaît ou pas ?” Je prends sa main, je la serre. Il n’est plus ce qu’il a été, mais il est là, bien vivant. Il me sourit et je retrouve l’étincelle de malice dans ses yeux. Bonne Fête des pères, papa ». avait-elle écrit. Colette et Valérie Roumanoff ont monté une association, Alzheimer autrement, pour tenter de faire changer le regard des gens sur la maladie. Pour sa part, Anne Roumanoff avait offert en 2009 à L’Association de la recherche sur Alzheimer une représentation de son spectacle Bien plus que vingt ans.

http://actu.orange.fr, 4 décembre 2015. Roumanoff C. Le bonheur plus fort que l’oubli. Comment bien vivre avec Alzheimer ? Paris : Michel Lafon. 9 septembre 2015. 248 p. ISBN 978-2-7499-2557-8.www.michel-lafon.fr/livre/1616-Le_bonheur_plus_fort_que_l_oubli_-_Comment_bien_vivre_avec_Alzheimer.html. www.laconfusionite.com/, 4 décembre 2015. www.europe1.fr/emissions/le-grand-direct-de-la-sante/le-grand-direct-de-la-sante-deces-de-daniel-roumanoff-2633391, 9 décembre 2015. www.europe1.fr/emissions/le-specialiste-sante/alzheimer-le-bonheur-plus-fort-que-loubli-2517923, 21 septembre 2015.