In memoriam : Annie Girardot (1931-2011)
Société inclusive
« Au début, c’est un titre de film par exemple qui s’efface. Oublier le nom d’une ville. Je suis à Londres et je crois que c’est Berlin. Puis un jour, un homme arrive avec une blouse blanche, d’un air grave, et il me dit : « Madame, vous êtes malade, vous perdez la mémoire, elle ne reviendra jamais », confiait Annie Girardot dans le film de Nicolas Baulieu Ainsi va la vie, un documentaire réalisé pendant huit mois avec l’accord de la famille et diffusé par TF1 le 21 septembre 2008. Annie Girardot, écrit Anne Jeanblanc dans Le Point, était l’une des rares personnalités françaises à avoir osé parler de sa maladie, « toujours aussi taboue et redoutée ». Jean-Marie Cavada, vice-président du Nouveau Centre, écrit : « avec la même recherche d’affection du public, elle a livré les douleurs et les méandres de son implacable maladie avec l’engagement et la dignité de celle qui sait pouvoir aider autrui ». Sandrine Blanchard, dans Le Monde, écrit : « Avec ses cheveux courts, sa voix si unique et son énergie, elle renvoyait l’image d’une femme libre et moderne. Elle a marqué des générations de femmes, nous a émus aux larmes lors de la remise de son César en 1996 et a été emportée par la maladie du siècle, cet Alzheimer tant redouté qui arrache les souvenirs. Sa volonté de rendre publique sa maladie nous l’a rendue encore plus proche, et le témoignage de sa fille a sans doute permis aux centaines de milliers de personnes qui accompagnent ces malades dans la solitude d’une chambre de se sentir moins seuls ». La fille d’Annie Girardot, Giulia Salvatori, avait déclaré le 21 septembre 2010, à l’occasion de la Journée mondiale de la maladie d’Alzheimer : « elle a largué les amarres (…). Maman ne se souvient pas qu’elle a été actrice » (Le Parisien). Anne Jeanblanc écrit : « apprendre que cette femme avait désormais oublié sa carrière de comédienne, qu’une immense partie de sa vie disparaissait de sa mémoire, donnait une dimension redoutable à l’inexorable fuite en avant de cette maladie ». Depuis 2006, Annie Girardot avait dévoilé le mal qui la rongeait. « Les films que j’ai tournés, les hommes que j’ai aimés, c’est la plus belle histoire de ma vie sauf que maintenant vous la connaissez mieux que moi… Mes enfants, mes amis, je vous aime mais je vous quitte un peu », disait-elle dans Ainsi va la vie. Quand on lui expliquait qu’elle avait tourné plus d’une centaine de films, elle répondait que ce n’était « pas possible » ; elle pointait un doigt sur sa tempe et le tournait comme pour dire « vous êtes zinzin ». « Elle est partie paisiblement », a déclaré sa petite-fille. Silvia Giuliatori a publié en 2007, avec le journaliste Jean-Michel Caradec’h, une biographie intitulée La mémoire de ma mère.
La ville de Montreuil (Seine Saint-Denis) a inauguré son centre local d’information et de coordination gérontologique et l’a nommé « Espace Annie Girardot ».
www.lepoint.fr, www.lexpress.fr, www.commeaucinema.com, 1er mars 2011. www.lemonde.fr, 2 mars 2011. www.ozap.com, www.lejdd.fr, www.leparisien.fr, 28 février 2011. Le Parisien, 21 septembre 2010.