Iatrogénie médicamenteuse et risque d’hospitalisation
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« Certaines hospitalisations sont liées à des médicaments et peuvent être prévenues », rappellent Lorène Zerah et ses collègues, de l’Institut d’épidémiologie et de santé publique de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière de Paris, en collaboration avec la Haute Autorité de santé et le Régime social des indépendants. Les chercheurs ont suivi, pendant deux ans, dix mille sept cents assurés sociaux âgés de soixante-quinze ans et plus, recevant un traitement spécifique de la maladie d’Alzheimer. Cinq types de prescriptions potentiellement iatrogènes ont été systématiquement repérées : les benzodiazépines à longue durée de vie ; les antipsychotiques chez les personnes atteintes de maladie d’Alzheimer ; la co-prescription de trois psychotropes ou plus ; la co-prescription de deux diurétiques ou plus ; la co-prescription de quatre antihypertenseurs ou plus. Le nombre d’hospitalisations a doublé durant les périodes de prescriptions à risque. Les chercheurs estiment que 22% de toutes les hospitalisations sont associées à ces prescriptions à risque, dont 80% sont dues aux psychotropes. « Chez la personne âgée, la iatrogénie médicamenteuse représente jusqu’à 20% des hospitalisations en urgence des personnes âgées de plus de soixante-quinze ans et 25% des admissions de celles âgées de plus de quatre-vingt-cinq ans », soulignent Anaïs Berthe, du « process pharmacie clinique » au CHU de Nantes, et ses collègues du service de soins de suite gériatrique et réadaptation et du pôle universitaire de gérontologie clinique. Les erreurs médicamenteuses surviennent principalement aux étapes de transition du parcours de soins du patient. Face à cette problématique, l’équipe pharmaceutique du Centre hospitalier universitaire de Nantes et l’équipe médicale du service de soins de suite et réadaptation gériatrique ont initié une démarche de conciliation pour tous les patients hospitalisés dans ce service depuis 2011. L’évolution de l’activité est suivie depuis mars 2014 par une grille d’indicateurs. En 2015, près de 90% des patients ont fait l’objet d’une conciliation à l’admission dans le service de soins et à la sortie. « La collaboration médico-pharmaceutique ville-hôpital par la justification des modifications de traitement, l’optimisation de la prise en charge thérapeutique des patients et le partage d’informations entre professionnels de santé participent à la sécurisation des points de transition rencontrés lors du parcours de soins du patient. »
Zerah L et al. Association Between Psychotropic and Cardiovascular Iatrogenic Alerts and Risk of Hospitalizations in Elderly People Treated for Dementia: A Self-Controlled Case Series Study Based on the Matching of 2 French Health Insurance Databases. J Am Med Dir Assoc, 18 mars 2017.www.jamda.com/article/S1525-8610(17)30096-8/abstract.
Berthe A et al. Conciliation médicamenteuse : un outil de lutte contre le risque iatrogène en gériatrie. Gériatr Psychol Neuropsychol Vieil 2017 ; 15(1) : 19-24. Mars 2017.