Hier, la dernière étape - Un nouveau regard sur la maladie d'Alzheimer, de Christophe Ramage
Société inclusive
Peut-on se mettre dans la « tête » d’une personne désorientée ? Que ressent la personne qui n’a plus les mêmes mots que nous pour désigner un objet ? Comment la maladie renvoie vers le passé et conduit à revisiter des étapes non résolues de sa vie ? Christophe Ramage écrit : « mon métier de réalisateur consiste habituellement à témoigner, poser des questions, échanger, illustrer, raconter une histoire. Mais lorsqu’il s’agit de travailler avec un public dit « fragilisé », avec des personnes pour qui la communication n’a pas le même sens que pour nous ; qu’en est-il de l’interprétation que l’on peut faire de ces mots et de ces gestes désordonnés ? Le comédien Patrick Timsit a accepté de prêter sa voix au projet. Le réalisateur souhaite lever des financements complémentaires en faisant appel à la générosité des internautes, sur le mode du crowdfunding (financement participatif). Il décrit ainsi son concept : « Le texte, sous forme de soliloque, raconte la pensée intérieure d’un homme atteint de la maladie d’Alzheimer. C’est une personne d’un certain âge, fragilisée par la maladie et vivant de plus en plus repliée sur elle-même. Il ressort une réelle intimité, une profondeur pour créer une tension. Tout repose sur la voix qui fait ressentir de la conviction et apporte une réelle profondeur psychologique. L’idée est de montrer, au travers des déambulations de la personne qui s’exprime, qu’elle est encore, sous une forme ou une autre, en capacité de communiquer. Nous suivons sa réflexion, sa logique. La construction des phrases permet d’assimiler que son langage, même s’il est compréhensible par tous, se confronte à un autre idiome, une autre réalité. Les répétitions et les flashbacks aident au cheminement de l’histoire. Le texte permet de cheminer au travers de la maladie et d’un milieu que la personne ne comprend plus. On suit son quotidien, sa vision du quotidien. Il faut rester authentique pour que fonctionne l’illusion. On admet que les relations avec les autres personnes sont difficiles et différentes en fonction de l’empathie ressentie. La voix traduit aussi bien la nostalgie, la recherche, l’interrogation, la colère que la sérénité. » En un mois, la moitié des six mille euros de financement complémentaire a été levée.