Hébergement temporaire : quel intérêt pour les acteurs ? (2)

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
16 septembre 2011

Pour les aidants, l’intérêt est réel. L’hébergement temporaire leur apporte du répit et la possibilité d’envisager de faire des activités ou de partir en vacances ; l’opportunité d’envisager sereinement de faire des travaux dans le logement ; la possibilité de se centrer sur soi-même, d’envisager des actes médicaux sans se sentir trop coupables d’abandonner son conjoint ou parent parce qu’on le sait en sécurité ; un temps pour réfléchir à l’avenir en dehors du domicile et prendre de la distance par rapport à son vécu quotidien ; une possibilité de rencontrer des professionnels qui observent le parent dans la durée, et sont donc légitimes pour donner un avis sur l’évolution de la dépendance physique et psychique.

Pour les professionnels, l’intérêt de l’hébergement temporaire est ambigu : il entraîne des allées et venues dans le service de résidents avec une durée de séjour très courte, qui empêche la mise en place d’un projet personnalisé, habituellement construit sur plusieurs mois. Ils en ressentent une frustration, une impression d’ »inabouti », qui tend à les culpabiliser au regard de leurs valeurs traditionnelles. La courte durée accroît le travail administratif et d’accompagnement ; par ailleurs, les séjours d’hébergement temporaire impliquent des modes de relation différents avec les familles, car celles-ci ont des habitudes et des attentes spécifiques auxquelles les professionnels doivent s’adapter ; enfin, les professionnels reconnaissent que ces résidents obligent, par des attentes et des besoins différents, à sortir d’une certaine routine, à se poser des questions, à aborder leurs pratiques d’accueil et d’accompagnement différemment.

Quant à la personne âgée, l’hébergement temporaire se révèle souvent déstabilisant, générateur d’angoisse et de stress par la rupture avec le domicile et l’absence de l’aidant, même si généralement ce dernier continue à lui rendre visite. Les personnes interrogées souhaitent retourner dans leur logement, retrouver leur parent et ne pas rester dans l’établissement, qui leur renvoie l’image de personnes plus dégradées qu’elles (à tort ou à raison), et qui leur font peur.

Piou O. L’hébergement temporaire : une expérimenatation parisienne. Documents Cleirppa. Cahiers 43 : 25-28. Août 2011.