Groupes de parole parents-enfants
Société inclusive
L’établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) de Villenave-d’Ornon (Gironde) a mis en place un groupe de parole mensuel (atelier Parenfant) réunissant les résidents et leurs enfants. « Les familles avaient besoin de cet espace pour s’exprimer », explique Claire Lagarde, psychologue clinicienne libérale en vacation plusieurs fois par semaine à l’EHPAD. Elle a pris en main la création de cet atelier, en faisant appel à son collègue Marc Florent, psychologue de la parentalité et du développement, pour co-animer les séances. Les débuts ont été difficiles : « entre 2009 et 2010, nous avons adopté un fonctionnement par thème qui rendait les séances trop décousues et le groupe avait du mal à se constituer », explique-t-il. Depuis l’an passé, tous les participants sont réunis lors de chaque séance, et surtout, l’atelier s’est ouvert à tout le territoire villenavais et plus seulement aux familles de l’EHPAD. « Pour les populations extérieures, c’est encore plus nécessaire », explique Claire Lagarde, « car si, ici, les familles ont souvent un interlocuteur au sein de l’institution, les questionnements sont souvent plus grands pour ceux qui sont chez eux. De plus, la rencontre des deux populations a donné un vrai élan au groupe, ça permet des rencontres, une vraie diversité de situations et surtout un échange, certains peuvent répondre aux questions des autres sans qu’on intervienne ». La confidentialité est totale vis-à-vis des soignants ou des autres résidents. « On préfère utiliser les ressources du groupe pour les aider à avancer dans leur quotidien. La situation est souvent complexe, l’enfant (ou le mari, la nièce, l’épouse…) voit les rôles s’inverser et doit faire des réajustements affectifs, parfois des conflits apparaissent dans la fratrie à cause de cette ambivalence », témoigne Marc Florent. « C’est important de voir que, dans un lieu dédié aux personnes âgées, ils peuvent aussi prendre le temps de penser à eux. Les choses se règlent dans le groupe et pas dans la famille ». « L’accompagnement des aidants est devenu petit à petit une vraie problématique sanitaire. Le plan Alzheimer a beaucoup aidé, mais c’est aussi parce que les regards se sont posés sur leur condition », ajoute Claire Lagarde. La directrice Claude Foex estime que l’ouverture de l’atelier à des personnes extérieures permet de changer les représentations : « les gens peuvent voir que c’est un lieu de vie avant tout, c’est rassurant ».
www.sudouest.fr, 9 janvier 2012.