Gestion des âges : rupture du pacte social ? Juillet 2009

Droit des personnes malades

Date de rédaction :
01 juillet 2009

Faut-il repousser l’âge du départ à la retraite ? Le débat divise profondément les partenaires sociaux. Pour la sociologue Anne-Marie Guillemard, auteur de L’Age de l’emploi, les sociétés à l’épreuve du vieillissement, le vieillissement de la population ébranle les fondements du pacte générationnel de l’après-guerre, construit sur la distribution traditionnelle à trois temps de la vie dans les sociétés industrielles (aux jeunes la formation, aux adultes le travail et aux personnes âgées, qui étaient alors très pauvres, un temps d’inactivité indemnisé avec une pension de retraite). Les temps de formation et de retraite se sont allongés tandis que le temps de travail s’est restreint. Les temps familiaux ne sont plus en concordance avec les temps professionnels. La multiplication des mesures d’âge (cessation anticipée d’activité, abaissement de l’âge de la retraite à soixante ans), considérées comme un progrès social, ont eu comme effets pervers la dépréciation et l’inactivation des seniors. En France, près des deux tiers des personnes âgées de cinquante-cinq à soixante-quatre ans ont quitté le marché du travail. Seuls 38% des seniors sont employés. Le travailleur âgé a fini par être considéré comme inemployable, comme si son destin était d’être un inactif indemnisé. En France, l’âge est le premier facteur de discrimination dans l’emploi. En matière de vieillissement, Anne-Marie Guillemard conseille de s’inspirer de l’expérience de la Finlande, qui a adopté une retraite à la carte, sans durée de cotisation standard ni âge légal de départ, lançant en 1998 un plan national avec pour mot d’ordre « l’expérience est une richesse nationale », investissant massivement dans la formation des personnes de plus de quarante ans, améliorant les conditions de travail des seniors et apprenant aux entreprises une gestion des âges dynamisant les fins de carrière : le taux d’emploi des seniors est passé de 35% à 53% entre 1996 et 2005.

Le Monde, 21-22 juin 2009.