Fugues
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
Selon une étude unique en France (Alert’Errance), portant sur quatre cent-trente-sept recherches de personnes, menée par le service départemental d’incendie et de secours (SDIS) des Bouches-du-Rhône, un quart des cas de secours à la personne concerne des fugues de personnes âgées de soixante ans et plus, ce qui arrive une fois par semaine. Le temps d’alerte moyen est de cinq heures vingt, et peut atteindre vingt-quatre heures. Chaque intervention mobilise en moyenne dix hommes et six véhicules.
En deux ans, ces interventions ont nécessité plus de sept mille cinq cents heures-hommes. Mais ces fugues recensées ne sont qu’une partie de l’iceberg : le SDIS n’intervient que dans les situations considérées comme graves. Si les services de police ou les services de sécurité des établissements de soins interviennent également, ce sont les familles ou les proches des personnes fugueuses vivant à domicile, ou les soignants si les personnes sont hébergées en établissement d’hébergement pour personnes âgées (EHPAD), qui partent à leur recherche sans en avertir les autorités. Plus de la moitié de ces personnes présentent une démence connue ; pour 30% des résidents d’EHPAD, la démence n’était pas connue par la personne signalant la disparition. Chez la personne démente, les conséquences de la fugue peuvent être sévères : décès, traumatismes, manque de soins, aggravation des troubles psycho-comportementaux.
L’entourage, ou l’institution (88 % des EHPAD, selon une enquête de la Fondation Médéric Alzheimer) peuvent décider d’une limitation d’aller et venir comme moyen de prévention du risque de fugues, ce qui soulève des questions éthiques : jusqu’où laisser la liberté aux résidents et jusqu’où assurer la sécurisation ? Le risque de fugue est une préoccupation importante chez un tiers des médecins traitants prenant en charge une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer. Il constitue l’un des principaux motifs de refus pour une admission en EHPAD par les médecins coordonnateurs (30% des refus).
Bonnin-Guillaume S et al (2010). Le sujet âgé fugueur : un trouble du comportement aux conséquences sociétales multiples. Revue de Gériatrie 35(6): 373. Aquino JP et al (2010). Médecins généralistes et médecins coordonnateurs en EHPAD : des réponses de proximité pour une prise en charge au long cours. Fondation Médéric Alzheimer. La Lettre de l’observatoire des dispositifs de prise en charge et d’accompagnement de la maladie d’Alzheimer, 11. Palermiti F et Fontaine D (2010). Respect des droits des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer en EHPAD : la vie en établissement. Fondation Médéric Alzheimer. La Lettre de l’observatoire des dispositifs de prise en charge et d’accompagnement de la maladie d’Alzheimer, 13.