Friction intergénérationnelle
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
Guillaume Jehannin, professeur au département Carrières sociales de l’Institut universitaire de technologie de Belfort, souhaite dépasser « une vision binaire à laquelle renvoie la seule logique économique libérale. » En effet, selon lui, « trop souvent renvoyée à une logique d’affrontement (la question des retraites par exemple) ou d’indifférence (l’isolement des personnes âgées…), la question intergénérationnelle mérite d’être abordée à la fois comme un lieu de logiques contradictoires, paradoxales entre solidarité et différenciation, provoquant parfois des frictions mais bien peu de conflits. »Il présente les« variables lourdes sur lesquelles se greffent les nouvelles dynamiques sociales » sous la forme de « quatre enfermements, qui remettent les générations sur les rails d’un destin collectif » : l’enfermement des femmes (« rabattues sur des compétences professionnelles qui renvoient à des qualifications “naturelles” féminines (attention, douceur…) entraînant des types d’emplois peu reconnus », sans formation importante et à des salaires faibles ; l’enfermement dans la « protection des destins » familiaux à travers la transmission intergénérationnelle des inégalités sociales, l’État-providence ayant du mal à conserver la solidarité ; l’enfermement de l’individualisation, qui oblige les personnes à prendre en main leur destin de manière solitaire, et aboutit parfois à l’isolement, particulièrement marqué pour les personnes âgées ; l’enfermement identitaire et culturel, « qui aboutit parfois à une ethnicisation des questions sociales » des descendants de l’immigration, en contraste avec les attitudes de leurs parents.
Jehannin G. Choc des âges ou friction générationnelle ? Le rapport entre générations dans une société vieillissante. Gérontologie et société 2013 ; 145 : 13-24. Juin 2013. www.cairn.info/resume.php?ID_ARTICLE=GS_145_0037.