Framing et reframing : communiquer autrement sur la maladie d’Alzheimer, de Baldwin Van Gorp et Tom Vercruysse – Fondation Roi Baudouin (2)

Société inclusive

Date de rédaction :
25 mars 2011

Les chercheurs ont dressé l’inventaire de plus de trois mille citations extraites de romans, de films, de reportages télévisés, de bulletins d’information, afin d’identifier les cadres couramment utilisés pour donner un sens à la maladie d’Alzheimer, en la mettant en relation avec des idées qui nous sont familières. Six cadres dominants ont ainsi été repérés : 1/ le dualisme corps esprit, qui domine largement les autres, repose sur l’idée qu’un être humain se subdivise en deux parties distinctes, le corps et l’esprit. Comme le malade Alzheimer perd son esprit, il ne reste plus qu’une enveloppe matérielle (une « plante ») ; bien que le corps soit encore en vie, l’être humain qui l’habite peut déjà être tenu pour mort puisqu’il a perdu sa personnalité et son identité. 2/ l’envahisseur, représentation qui fait de la maladie un ennemi ou un monstre qui doit être combattu ; ce cadre recourt volontiers à un vocabulaire guerrier. 3/ la foi dans la science : c’est la dimension scientifique qui est mise en avant dans ce troisième frame, avec pour conséquence que la personne malade disparaît en partie derrière le diagnostic. Ce cadre de pensée laisse entrevoir un espoir de guérison, pour autant du moins que l’on continue à consacrer suffisamment d’argent à la recherche. 4/ la peur de la mort est un cadre de pensée soulignant le lien entre la maladie et la mort : le diagnostic est assimilé à une sorte de condamnation à mort, le début d’une catastrophe totale. 5/ les rôles inversés : le fait que les malades Alzheimer redeviennent des « enfants » est au centre de ce cadre de pensée, qui implique une inversion des rôles ; les enfants deviennent les parents de leurs parents et doivent par exemple leur donner à manger ou s’occuper de leur hygiène intime. 6/ sans contrepartie : ce cadre de pensée met  l’accent  sur  le  fardeau  que  représentent les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer pour leurs proches, un fardeau d’autant plus lourd que nous accordons beaucoup d’importance à l’autonomie et à la réciprocité des relations ; si la relation entre l’aidant et la personne malade n’est pas réciproque, la situation prend un caractère problématique.

Van Gorp B et Vercruysse T. Framing et reframing : communiquer autrement sur la maladie d’Alzheimer. Mars 2011. Bruxelles : Fondation Roi Baudouin.  80 p. ISBN 978-2-87212-634-7. www.kbs-frb.be/publication.aspx?id=277380&LangType=2060 (texte intégral).