Formes cliniquement silencieuses

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Date de rédaction :
20 août 2011

La présence de biomarqueurs cérébraux n’est pas suffisante pour conclure à un diagnostic de démence. Reprenant les données d’autopsie cérébrale de plusieurs cohortes indépendantes (Adult Changes in Thought study, Honolulu-Asia Aging Study, Nun Study, and Oregon Brain Aging Study), portant au total sur mille six cents soixante-douze personnes, Joshua Sonnen, de l’Université Washington à Seattle, et ses collègues ont estimé la prévalence de formes cliniquement silencieuses des démences chez trois cent trente-six personnes ne présentant pas de troubles cognitifs problématiques et pour lesquelles des données neuropathologiques complètes étaient disponibles : 47% présentaient des plaques modérées ou fréquentes, 6% des neurofibrilles, 15% présentent des corps de Lewy, et 33% des micro-infarctus cérébraux. Malgré l’atteinte neuropathologique, ces personnes n’ont pas développé les signes d’une démence. Selon les auteurs, ces résultats confirment la complexité intrinsèque du vieillissement cérébral. Ils suggèrent également que le cerveau vieillissant rencontre des facteurs de stress, des lésions et des réponses aux lésions, multiples et simultanés, interagissant les uns avec les autres. Ils suggèrent aussi l’existence de facteurs non encore identifiés, qui contribuent à l’expression plus ou moins problématique du vieillissement cognitif. Pour Anne-Claude Juillerat van der Linden, chargée de cours à l’Université de Genève et Martial van der Linden, professeur de psychologie clinique aux Universités de Genève et de Liège, et animateurs du blog du Mythe Alzheimer, « de façon plus globale, cette recherche ajoute de nouveaux arguments en faveur d’une approche qui considère le vieillissement cérébral/cognitif en terme de continuum et qui prenne en compte la complexité et la dynamique des facteurs impliqués dans son évolution ».

Une autre étude, menée par Jesus Gomar et ses collègues du groupe international ADNI (Alzheimer’s Disease Neuroimaging Initiative), dont l’objectif est la validation de tests utilisant des biomarqueurs pour diagnostiquer la maladie d’Alzheimer en imagerie cérébrale, a suivi pendant deux ans cent seize personnes présentant un déficit cognitif léger qui s’est transformé en maladie d’Alzheimer et deux cent quatre personnes présentant un déficit cognitif léger qui ne s’est pas aggravé. Les chercheurs ont comparé l’utilité prédictive de vingt-cinq variables des différentes classes de marqueurs cognitifs, biologiques ou facteurs de risque. Des marqueurs cognitifs (Functional Assessment Questionnaire et Trail Making Test) apparaissent plus robustes que la plupart des biomarqueurs pour prédire la conversion du déficit cognitif léger vers une maladie d’Alzheimer.

Sonnen JA et al. Ecology of the aging human brain. Arch Neurol 2011; 68(8): 1049-1056. Août 2011. http://archneur.ama-assn.org/cgi/content/abstract/68/8/1049.

http://mythe-alzheimer.over-blog.com/, 13 août 2011. Gomar J et al. Utility of Combinations of Biomarkers, Cognitive Markers, and Risk Factors to Predict Conversion From Mild Cognitive Impairment to Alzheimer Disease in Patients in the Alzheimer’s Disease Neuroimaging Initiative. Arch Gen Psychiatry 2011 ; 68(9) : 961-969. Septembre 2011. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21893661.