Floride, de Philippe Le Guay (1)

Société inclusive

Date de rédaction :
08 juillet 2015

Le réalisateur Philippe Le Guay (Les femmes du 6ème étage) a adapté au cinéma la pièce de théâtre de Florian Zeller, Le Père, dans laquelle les rôles principaux étaient interprétés par Robert Hirsch et Isabelle Gélinas. Claude Lherminier (Jean Rochefort), octogénaire fantasque et ancien chef d’entreprise, a par moments des trous de mémoire et des accès de confusion. Un état qu’il se refuse obstinément à admettre. Sa fille aînée Carole (Sandrine Kiberlain), mène un combat de tous les instants pour qu’il ne reste pas livré à lui-même. Puis un jour, sur un coup de tête, Claude décide de s’envoler pour la Floride. Pour le réalisateur, la Floride devient « cet endroit mythique où on est protégé, où plus rien ne peut vous atteindre. C’est le lieu de l’apaisement, où tout ce qui vous fait violence dans la vie cesse de vous faire mal. Au fond, la Floride, c’est un peu la salle de cinéma, un écran-écrin où l’on peut rêver, où ceux qu’on aime sont à jamais avec vous. C’est aussi l’État le plus prisé aux USA par les retraités américains. » Jean Rochefort déclare au Journal du dimanche : « J’ai tellement d’amis qui en souffrent ou en sont morts qu’à la moindre faiblesse de mémoire, je me dis que ça y est, c’est mon tour ! ».« Je me remets à peine de ce rôle qui a été douloureux. J’en ai eu quelques-uns comme ça dans ma carrière, mais c’est celui-là qui l’emporte. Car il m’a mis face à moi-même, et à la mort. Je la sens venir, et il y a des moments où je suis content qu’elle arrive. Le corps le demande, et la tête parfois aussi. Mais on n’a pas envie de faire du chagrin aux autres. » L’acteur a longuement hésité avant d’accepter ce rôle. À la Tribune de Genève, il déclare qu’il a eu l’impression de pouvoir se rendre utile : « parce que face à la douleur, il y a aussi de l’amusement, de la familiarisation qui rassure. Car devant cette maladie, le premier réflexe, n’est-ce pas, c’est de crier à l’horreur. Je le constate autour de moi, avec mon ami Jean-Pierre Marielle (atteint de la maladie).»