Fin de vie : une décision médicale dans un décès sur deux

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
15 décembre 2012

« Au-delà des quelques cas d’euthanasie faisant l’actualité, qui concernent souvent des personnes jeunes lourdement handicapées, les médecins et les équipes hospitalières accompagnent chaque jour la fin de vie de patients âgés. Les décisions susceptibles d’abréger la vie sont-elles fréquentes ? Par qui sont-elles prises ? » s’interrogent Sophie Pennec et ses collègues de l’Institut national d’études démographiques (INED) et Régis Aubry, président de l’Observatoire national de la fin de vie. Selon les premiers résultats de l’enquête La fin de vie en France, portant sur un  échantillon représentatif de quinze mille décès de personnes âgées de dix-huit ans et plus, pour près d’un décès sur deux (48 %), le médecin déclare avoir pris une décision médicale en ayant conscience qu’elle était susceptible d’abréger la vie du patient. Le plus souvent, les traitements n’ont pas été administrés dans l’intention de provoquer une accélération de la survenue de la mort et sont donc conformes à l’esprit de la loi. Il s’agit de décisions de ne pas instaurer (15 %) ou d’arrêter un traitement susceptible de prolonger la vie (3%), ou d’intensifier le traitement de la douleur avec utilisation d’opioïdes et/ou de benzodiazépines (27%). Une très faible fraction des décès (3%) fait suite à un acte visant à mettre fin à la vie de la personne : décision de limitation ou d’arrêt des traitements (1.5% des décès), intensification des traitements de la douleur (0.8%), ou enfin administration de médicaments (0.8%). Les actes d’euthanasie (« mettre fin à la vie d’une personne malade à sa demande ») sont extrêmement rares en France : 0.6% du total des décès, dont 0.2% sont pratiqués en administrant délibérément une substance pour mettre fin à la vie. Les décisions prises s’appuient dans leur grande majorité sur les dispositions de la loi Leonetti, qui permet sous certaines conditions de limiter ou d’arrêter un traitement, ou d’administrer des médicaments permettant de soulager les souffrances du patient, qui peuvent avoir pour effet d’avancer la survenue de la mort. Toutefois, les prescriptions légales encadrant ces décisions ne sont pas encore totalement connues ou respectées : les décisions de fin de vie ne sont pas toujours discutées avec les patients et les équipes soignantes ; la rédaction par les patients de directives anticipées, proposée par la loi Leonetti pour que les soignants prennent en compte leurs souhaits, reste en pratique très rare. Plus des deux tiers des personnes pour lesquelles une décision de limitation ou d’arrêt des traitements a été prise n’étaient pas jugés par le médecin « en capacité de participer à la décision ». Quand les personnes étaient considérées comme capables de participer, ces décisions ont dans près de 80% des cas fait l’objet d’une discussion avec le patient.

Pennec S et al. Les décisions médicales en fin de vie en France. Population et sociétés 2012 ; 494. Novembre 2012. www.ined.fr/fichier/t_publication/1618/publi_pdf1_494.pdf (texte intégral). Pennec S et al. End-of-life medical decisions in France: a death certificate follow-up survey 5 years after the 2005 Act of Parliament on Patients’ Rights and End of Life. BMC Palliative Care 2012; 11: 25. 3 décembre 2012. www.biomedcentral.com/content/pdf/1472-684X-11-25.pdf (texte intégral)