Fin de vie : qu’en pensent les médecins coordonnateurs ? (2)
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
Le Dr Jean-Marie Gomas, coordonnateur du centre de soins palliatifs à l’hôpital Sainte-Périne (Assistance publique-Hôpitaux de Paris), rappelle qu’un médecin coordonnateur sur cinq n’a pas suivi de formation en soins palliatifs, et que 37% des EHPAD (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) n’ont pas recours à une structure de soins palliatifs, selon l’Observatoire national de la fin de vie. « Le risque, paradoxalement, quand on se trouve face à un patient mourant, c’est de vouloir trop en faire », affirme-t-il. Pour lui, les médecins doivent reconnaître les limites de leur art et les infirmières accepter de voir le cours des choses leur échapper. « C’est une leçon d’humilité et de dé-maîtrise. » Le Dr Gomas propose un kit méthodologique en cinq points : 1/ savoir accompagner les soins palliatifs de base, en connaissant les références éthiques du soin et de l’accompagnement, et de savoir évaluer et contrôler les symptômes (pourquoi le patient crie-t-il ? Parce qu’il a mal, parce qu’il est mal ou parce qu’il est atteint de démence ?) ; 2/ soutenir les familles (« il faut s’asseoir pour parler, regarder les parents dans les yeux et savoir leur parler de la mort avec les bons mots. Il faut aussi savoir les convaincre d’éviter l’acharnement ») ; 3/ se coordonner avec le médecin et l’équipe (« il est incontournable d’organiser régulièrement des réunions de coordination avec le médecin traitant et de prévoir les conventions avec les structures d’appui ») ; 4/ décider, organiser et tracer les limitations au traitement (« identifier les situations, gérer les discussions d’équipe et assurer la traçabilité des décisions dans le dossier, dans un contexte où les familles sont souvent réticentes à une démarche palliative ; 5/ mieux discerner les situations ultimes justifiant une unité de soins palliatifs ou une hospitalisation.
Le Journal du médecin coordonnateur, juillet-septembre 2014.