Fin de vie : qu’en pensent les médecins coordonnateurs ? (1)
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
Michel Salom est président du syndicat national de gérontologie clinique (SNGC). Il a été le premier médecin coordinateur salarié à plein temps, en 1983. Il a exposé les positions de la profession sur la fin de vie à Laurence Rossignol, secrétaire d’État chargée de la Famille, des personnes âgées et de l’autonomie : « nous avons été reçus au départ sur la dépénalisation de l’euthanasie. Nous ne sommes pas en faveur d’une légalisation du suicide assisté, mais pour une révision de la loi Leonetti, pour une application réelle et effective des directives anticipées, de la nomination de la personne de confiance et pour la mise en place réelle et effective de la collégialité des décisions autour de la fin de vie. Nous sommes d’accord sur le fait qu’une sédation des derniers jours puisse être mise en place, mais contre le cocktail létal à l’heure dite. Nous serions très ennuyés qu’une législation passe sur la base de problématiques très rares. Nous ne sommes pas dupes, ce premier pas serait terrible. À quoi ressemblerait une société qui se débarrasse de ses improductifs ? Il ne faut pas se faire d’illusions, nous recevons des demandes insistantes en permanence. Il ne s’agit pas de formules telles que : “Il faut la tuer !”, mais plutôt : « Docteur, dans son état, ce serait bien d’arrêter », « Si ça s’arrête ça n’est pas plus mal », ou « Si c’était votre mère, est-ce que vous n’arrêteriez pas ? » On parle beaucoup d’abréger les souffrances. Les vieux en bout de course ne souffrent pas toujours, mais les enfants veulent arrêter leur propre souffrance, psychologique, financière… L’acharnement comme argument conduisant potentiellement à l’abandon coupable est distillé à toutes les sauces sans réflexion. Si les lobbyistes de l’euthanasie gagnent pour quelques cas médiatiques, la porte sera ouverte à une “réflexion” sur la fin de vie des personnes atteintes de démence. Une législation euthanasiante ne doit pas remplacer l’absence de moyens attribués aux soins de confort et de fin de vie au fait de devoir payer sa fin de vie. »
Le Journal du médecin coordonnateur, juillet-septembre 2014.