Fin de vie : le sens de la fraternité à l’épreuve

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
17 février 2015

Pour Emmanuel Hirsch, professeur d’éthique médicale à l’Université Paris-Sud, « les personnes malades aspirent à ce que l’on se consacre à la continuité de leur parcours de soin, de la reconnaissance de leurs besoins, de leurs attentes, afin qu’elles puissent vivre dans la dignité et en société ce temps si délicat et incertain. Les circonstances indignes, insupportables et indécentes du vécu de la maladie contraignent parfois la personne –voire ses proches – à l’obsession de s’en délivrer. Une délivrance digne de la vie, digne de ce que nous sommes, y compris au terme de notre existence, peut toutefois se penser autrement qu’en satisfaisant ce nouveau droit que constituera la permission accordée, sur simple demande, d’une sédation terminale. » Faudrait-il, dans une « redoutable logique » de résignation, « ne plus attendre alors du médecin que la consolation d’une sédation profonde, continue et terminale, à laquelle on ne survivra pas ? L’ultime égard serait alors le geste concerté. On ne peut renoncer aux fondements du lien social au motif du constat fataliste des défaillances de nos facultés d’accueillir l’autre et de le sauvegarder des équivoques et des menaces qui le contestent dans sa capacité de poursuivre, selon ses aspirations, un chemin de vie. C’est méconnaître ou mépriser la signification d’une existence que de se résoudre à la considérer inconciliable avec l’idée théorique, partiale et restrictive que l’on se fait d’une vie digne d’être vécue. Concèderons-nous demain à l’autorité de compétence médico-légale le pouvoir absolu de juger de la pertinence d’une existence afin d’être seuls légitimes à déterminer le sort qui lui serait prescrit ? » Emmanuel Hirsch estime que « le droit de bénéficier d’une position maintenue dans la préoccupation des vivants, de conditions d’accompagnement dignes de l’idée d’humanité, constitue un défi politique plus déterminant que l’organisation du dispositif favorisant l’octroi d’une mort médicalement assistée. Il s’agit là d’une responsabilité qui saisit notre société dans sa capacité d’affirmer le sens ultime du lien et de la fraternité. »