Favoriser l’autonomie par l’intervention psychosociale Janvier 2009
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
Pour Michel Geoffroy, médecin, philosophe et directeur de recherche au Collège des Bernardins, « la perte progressive des facultés cognitives va empêcher la personne malade d’exercer son autonomie, c’est-à-dire se donner à elle-même sa propre loi », et la responsabilité de la famille et des soignants va croître avec le déclin de celle de la personne malade. Pour Kevin Charras, psychologue, responsable du pôle Etudes et Michèle Frémontier, ethnologue et directrice de la Fondation Médéric Alzheimer, il est important d’admettre que le combat auprès de la personne malade, pour lui permettre de conserver ses aptitudes, ne veut pas dire chercher à revenir à un état de compétence antérieur, eldorado inatteignable dont on ne pourrait alors pas faire le deuil. On peut, en revanche, retarder le déclin en créant un environnement adapté aux handicaps de la personne malade, sans pour autant négliger l’impact négatif des comorbidités (dépression, troubles de la nutrition, problèmes de mobilité…) qu’il convient de traiter. Il faut soutenir et optimiser les capacités restantes par la mise en adéquation des aptitudes et des émotions, sur lesquelles on peut encore s’appuyer, avec les sollicitations de l’environnement. Les interventions psychosociales cherchent à restaurer une harmonie entre la personne malade et ses relations à l’environnement, pour une meilleure qualité de vie. Plusieurs types de prise en charge ont un objectif de réhabilitation, qui se décline individuellement selon la sévérité de la maladie et les besoins qui en découlent : les stratégies d’auto-prise en charge, les interventions de rééducation fonctionnelle, les activités mobilisant les émotions et la capacité à éprouver du plaisir, les interventions facilitant les activités de la vie quotidienne. L’enjeu est de taille pour les personnes malades que l’on ne réduit plus à leur pathologie, à qui l’on reconnaît le droit de continuer à avoir une vie et une histoire et pas seulement un passé, dans la singularité de leur être, ainsi que pour les aidants familiaux, qui découvrent, grâce à ces interventions, cet autre qu’ils croyaient avoir perdu et avec lequel il redevient possible de construire de nouveaux souvenirs, de raconter une histoire qui n’est pas que celle de ce qui a été.
Réalités familiales, décembre 2008.