« Fais ce qui est le mieux pour moi »
Société inclusive
Jusqu’ici, ça avait été NON. Je ne bouge pas. Je ne veux pas d’aide-ménagère. NON à la popote roulante. Non au CLSC [centre local de services communautaires]. Pas d’intrus chez moi ! Non à la visite de résidences », écrit Marie-France Bazzo, animatrice et productrice québécoise. « Ma mère peut être très bloquée, voyez-vous… Alors quand dimanche dernier elle m’a dit, à la fois confiante et résignée : “Fais ce qui est le mieux pour moi”, un poids immense s’est déposé sur mes épaules. Ma mère est atteinte de la maladie d’Alzheimer. Elle se débrouille, vit dans sa maison, mais la situation évolue, les choses se détériorent. Cette maladie, c’est de la bouette [mélange d’eau et de terre qui colle aux chaussures]. Une horreur. Elle progresse, jette son ombre de mois en mois sur celle qui fut une femme de caractère. Elle la ratatine (…) Ça vient tellement me chercher. Ma mère, donc, est atteinte. Comme sa sœur. Comme leur mère, ma grand-mère, avant elles. Cette saloperie rôde, me terrorise. Et je me retrouve proche aidante, sans l’avoir voulu ou recherché. Et les choses se dégradent. Déjà, les premiers choix importants se profilent ; le choix d’une résidence ou celui de demeurer chez elle. ” Fais ce qui est le mieux pour moi… ” Pour Marie-France Bazzo, « la déresponsabilisation est totale. On est dans le personnel, l’intime le plus profond. Comment est-elle, dans sa tête ? Qu’est-ce qui est, sera “bon pour elle” » ? Et quelle sera la prochaine question grave à laquelle elle m’opposera un : “fais ce qui est bon pour moi ?” Qui saura ce qui est bon pour elle ? »