Euthanasie : promesse électorale
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
La Société française d’accompagnement des soins palliatifs (SFAP) a réuni au Conseil de l’Europe deux mille six cents professionnels de santé dans un contexte particulier : il a été en effet beaucoup question de l’évolution législative présentée dans la proposition 21 du programme électoral du candidat François Hollande qui, sans mentionner explicitement le terme euthanasie, en appelle à sa dépénalisation contrôlée, affirmant que « toute personne majeure en phase avancée ou terminale d’une maladie incurable, provoquant une souffrance physique ou psychique insupportable, et qui ne peut être apaisée, puisse demander, dans des conditions précises et strictes, à bénéficier d’une assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité ». Pour la SFAP, « une telle loi ne répondrait pas à l’attente des patients qui demandent avant tout à être soignés, soulagés et entourés. Une dépénalisation de l’euthanasie serait inutile et, de plus, dangereuse du fait des risques de dérives ». Considérant que « l’euthanasie n’est pas un progrès » et qu’il faut en priorité améliorer l’accès à des soins palliatifs, la SFAP appelle à la prudence et sollicite un débat national avant toute orientation législative. Dans le Huffington Post, Emmanuel Hirsch, directeur de l’Espace éthique AP-HP et du département de recherches en éthique, de université Paris-Sud XI, se déclare favorable à « une concertation publique menée sous l’égide d’une instance reconnue dans son attachement aux valeurs de notre démocratie, puisqu’il s’agit de considérer désormais que ces questions sensibles relèvent du débat de société et qu’il y aurait nécessité évidente à en délibérer collectivement », en s’appuyant sur l’avis n° 63 du Comité national consultatif d’éthique. Pour lui, « ce n’est pas tant la mort de la personne qui doit mobiliser l’attention de nos politiques aujourd’hui, que les conditions d’exercice d’un soin digne, compétent et responsable jusqu’au terme d’une existence. Il convient d’appréhender la fin de vie autrement que dans la phase terminale, comme un parcours de vie encore possible ». Ces questions à la fois délicates et personnelles sont « soumises aujourd’hui au registre des engagements électoraux à tenir en termes de choix dits de société. À ce propos, il n’est pas du tout certain que ce qui nous est présenté comme une avancée de notre démocratie touchant à la liberté et à la dignité de la personne s’avère, transposé dans un réel complexe et délicat, conforme aux promesses morales que la légalisation de l’euthanasie prétend honorer au plus vite », comme le montre l’expérience belge, poursuit-il.
www.huffingtonpost.fr/emmanuel-hirsch/euthanasie-ethique-fin-de-vie_b_1630353.html, 28 juin 2012. www.sfap.org, 4 juillet 2012. www.agevillagepro.com, 8 juillet 2012.