Euthanasie : le débat au Sénat (2)
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
Jean-Luc Romero, président de l’ADMD, Marc Blondel, président de la Libre Pensée, et Patrick Kessel, président du Comité Laïcité-République, avaient appelé les sénateurs à voter, le 25 janvier 2011, « loin des clichés véhiculés par les lobbies liberticides pro-life, une loi laïque de liberté, une loi du choix ». Muguette Dini, présidente de la commission des affaires sociales, a déclaré : « ne vous arrogez pas le droit de décider à la place de ceux qui, lucidement, ont choisi le moment de mettre fin à leur souffrance. Ne leur volez pas leur ultime liberté ». Les auteurs du texte avaient élargi leurs soutiens dans l’opposition et les rangs centristes au point de rendre possible son adoption. L’UMP n’avait pas donné de consignes de vote. François Fillon avait résolument affirmé son opposition à l’euthanasie dans une tribune du Monde publiée la veille du vote : « la question est de savoir si la société est en mesure de légiférer pour s’accorder le droit de donner la mort. J’estime que cette limite ne doit pas être franchie ». Pour le Premier ministre, « la proposition de loi ne prévoit aucune obligation explicite de consultation, ni même d’information de la famille du malade ». Le dispositif proposé lui paraît « dangereux » : « le contrôle des actes ne serait effectué qu’a posteriori par une commission. Un tel mécanisme ne manquerait pas de créer une hétérogénéité des pratiques, d’une région, voire d’un territoire à l’autre. Dangereux pour les droits des personnes en fin de vie, le dispositif le serait également pour les soignants. Ceux-ci se retrouveraient, en effet, seuls face à l’incertitude d’un risque pénal lourd. Le Conseil national de l’ordre des médecins a d’ailleurs exprimé son rejet de cette proposition de loi ». « Plutôt que de légiférer dans la précipitation, plutôt que de trancher sans prudence une question fondamentale, nous devons poursuivre le renforcement de la culture palliative en France », a affirmé François Fillon, qui souhaite organiser le débat dans les prochains mois à partir des travaux de l’Observatoire national de la fin de vie, afin de dépasser les argumentations purement idéologiques. Xavier Bertrand, ministre de la Santé, déclaré dans l’hémicycle que l’euthanasie allait « à l’encontre de nos fondements juridiques », invoquant « les malades d’Alzheimer qui ne pourraient plus exprimer leur volonté libre et éclairée ». Il a également plaidé pour le développement des soins palliatifs.
Le Monde, 25 et 26 janvier 2011.