Être dans l’instant, dans l’émotion éprouvée, développe une intelligence sensorielle

Société inclusive

Date de rédaction :
26 avril 2016

« Les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer demeurent sensibles, émotives et aimantes », rappelle Colette Roumanoff, auteur, metteur en scène, et aidante de son mari Daniel récemment décédé. « Daniel me prenait par la main, y déposait un baiser. Il tenait aussi celle des enfants. J’avais des compliments. Un soir, par exemple, à la sortie du théâtre, Daniel était angoissé à l’idée de ne pas pouvoir rentrer à la maison. Quand nous sommes parvenus devant notre portail, il m’a lancé, admiratif : « Colette, tu es géniale ! » Il était très drôle. Les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer font beaucoup de calembours [jeu d’esprit fondé soit sur des mots pris à double sens, soit sur une équivoque de mots, de phrases ou de membres de phrases se prononçant de manière identique ou approchée mais dont le sens est différent], disent des choses incroyables. Je me souviens d’une fois où, vers la fin de sa vie, Daniel se vit dans la glace de l’ascenseur et s’interpella : « Bonjour, Monsieur, on dirait que vous n’en n’avez plus pour très longtemps ! » Le fait d’être dans l’instant, dans l’émotion éprouvée, développe une intelligence sensorielle. Un jour, nous recevions une élève infirmière qui postulait pour être demoiselle de compagnie. Elle semblait rentrée en elle-même. Daniel me dit : “il y a des gens qui ne sont pas faits pour le métier qu’ils ont choisi”. »

Conseils des notaires 2016 ; hors-série n°5 –Alzheimer et dépendance. Mai 2016.