Être aidant(e) : entre solidarité choisie et précarité subie

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
28 mars 2017

France, Belgique, Allemagne : où vaut-il mieux être aidant ?, s’interroge Anne Métral, du groupe de réflexion et d’action européen (think and do tank) Pour la solidarité [projet européen For Quality ! visant à améliorer la qualité des emplois et des services dans le secteur de l’aide à domicile.] « Endosser le rôle d’aidant proche, c’est-à-dire assister et accompagner une personne dépendante dans son quotidien, doit être et rester un choix. Le choix de prendre de son temps et de son énergie pour aider un proche, mais aussi le choix de ne pas le faire si l’on n’en ressent pas l’envie, le courage ou la disponibilité. Entre statut partiellement reconnu, mauvaise connaissance de leurs droits et risque d’isolement, le rôle d’aidant peut facilement basculer d’une solidarité choisie à une précarité subie. »   L’Allemagne a mis en place des mesures pour encourager les aidants à se consacrer entièrement à l’accompagnement de leur proche, quitte à ne plus travailler. Ce sont les femmes qui prennent cette décision en grande majorité, probablement parce que, comme en France, les femmes, à fonctions et compétences égales, touchent un salaire moindre que les hommes. Deux types de prestations financières existent : d’une part, l’allocation versée aux personnes dépendantes (Pflegegeld) qui peut être utilisée par ces dernières pour indemniser en partie l’aidant proche. D’autre part, il existe une assurance dépendance (Soziale Pflegeversicherung) ne versant pas directement d’argent aux aidants proches mais leur permettant un accès à des prestations. Les aidants ont accès à une somme forfaitaire pouvant aller jusqu’à environ 1 500€/an pour couvrir des dépenses de services de répit, des formations, des conseils, les cotisations de retraites et la couverture des cotisations sociales pendant les congés sans solde pris pour délivrer des soins informels. Soixante-quatoze mille personnes sont couvertes à ce jour. En Belgique, une aide est aussi versée aux aidants résidant dans quelques communes flamandes (mantelzorgpremie). Son montant et ses conditions d’attribution sont à la discrétion de chacune de ces communes. Au total, trente mille personnes, sur les huit cent soixante mille aidants que compte la Belgique, en bénéficient. En France, aucune aide n’est prévue pour les aidants, hormis le droit au répit dans certains cas bien particuliers. Mais 8% des aidants sont employés par leur proche et rémunérés grâce à l’allocation personnalisée d’autonomie (APA), comme la loi les y autorise (ORSE-UNAF 2014). Les aidants concernés bénéficient donc indirectement d’une aide publique. Cette embauche par son proche âgé permet aussi à l’aidant de conserver ses droits sociaux (chômage, retraite). Les autres, en revanche, ne cotisent plus quand ils s’arrêtent de travailler pour aider un aîné fragilisé, au grand dam des associations d’aidants. Enfin, sur le plan des congés destinés à accompagner un proche, seule la Belgique a mis en place un système de congés rémunérés. Les Français qui recourent au congé de solidarité familiale, destiné à accompagner une personne en fin de vie, peuvent néanmoins prétendre à une allocation spécifique, qui se monte à 55.37 euros par jour.

www.agevillage.com/actualite-15213-1-france-belgique-allemagne-ou-vaut-il-mieux-etre-aidant.html, 18 avril 2017. Métral A et Stokkink D. Être aidant-e. Entre solidarité choisie et précarité subie. Notes d’analyse Affaires sociales, mars 2017 (texte intégral).

www.pourlasolidarite.eu/sites/default/files/publications/files/na-2017-aidants-proches.pdf. Observatoire pour la responsabilité sociale des entreprises/Union nationale des associations familiales. Aidants familiaux : guide à destination des entreprises 2014. www.unaf.fr/IMG/pdf/unaf_orse_guidedesaidants.pdf(texte intégral).