Éthique et vieillissement : de quoi parle-t-on ? (2)
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
Chantal Delsol, professeur de philosophie dans la même université, évoque « la souffrance comme caprice ennobli », et estime qu’un homme est « digne parce qu’il souffre. » « La dignité humaine fondée sur une ontologie et une histoire sacrée a laissé place à l’âge moderne à une dignité fondée sur des caractéristiques. Pour les contemporains, cette caractéristique est la sensibilité. Ainsi le mal est-il réduit au malheur, ce qui traduit une volonté de rendre subjectif le critère du respect. » Pour Bertrand Quentin, « notre modernité tardive est un peu prise au piège : elle aurait voulu clamer la volonté inaliénable des uns et des autres, mais en réduisant la pensée à des neurones et le corps aux fonctionnalités et à la chimie, elle a sapé la possibilité d’une dignité inaliénable. Le critère de la sensibilité et de l’aptitude à souffrir ouvre un éventail à la fois trop large puisque tout animal doit être protégé, et trop étroit, voire inquiétant, puisque si l’aptitude à sentir avec réflexivité consciente est suspectée, l’expulsion de la catégorie de “personne” nous guette aussitôt ».
Delsol C. Digne parce qu’il souffre. Gérontologie et société 2013 ; 144 : 31-40. Mars 2013. www.cairn.info/resume.php?ID_ARTICLE=GS_144_0031.